lundi 8 février 2010

Et les choses sérieuses, dans tout ça ?

Elles commencent doucement.

La semaine dernière, j'ai commencé par rencontrer Shannon le lundi, pour un thé chez elle, quelques visionnages, un historique de la danse moderne en 5 minutes avec mouvements à l'appui, au milieu de la cuisine. Elle m'a parlé des différents projets qu'elle avait sur le feu, avec plein de noms de gens et d'institutions dont j'ignorais tout. Sa principale préoccupation en ce moment est un dossier de subvention à adresser au Conseil Canadien pour les Arts, se composant de CV, descriptif du projet, support vidéo... Ce projet est en partenariat avec une flutiste qui travaille notamment à partir de samples bizarres. Elles ont déjà fait un truc ensemble (Wax and Wane, partiellement disponible sur le site de Shannon) et du coup elles ont ce truc sur le feu. Ce qui signifie deux mois de résidence à Ahrenshoop près de la mer (celle entre l'Allemagne, le Danemark et la Suède). Et entre deux, un certain nombres de déplacements. La question est donc : que vais-je faire pendant tout ce temps ?

[ En attendant ce qui est vraiment top c'est que pour une fois je vais pouvoir poser des questions à celui qui produit un truc chelou, abstrait, incompréhensible : je vais pouvoir décortiquer un peu du processus créatif et saisir quelques clés de compréhension qui, même si loin d'être universelles - chaque artiste a son propre langage, peuvent ensuite élargir le spectre des réflexions que l'on peut avoir en face de ce genre de spectacle. L'intention de l'auteur est aussi intéressante : Shannon souhaite que son travail parle, mais pas nécessairement de la manière dont ELLE l'entend. "I hope that people will viscerally connect to my work." Et en effet, c'est assez expressif, ça parle, même si on ne sait pas forcément bien de quoi ni pour quoi. ]

Déjà, je vais passer du temps à la Tanzfabrik, l'association qui a bien voulu me prendre en charge. Existant depuis 30 ans, cet endroit est composé de trois salles de danse (dont une de représentation - une en parquet, deux mois classes mais praticables en chaussures !), quelques bureaux éparpillés et un vestiaire / salle d'attente avant show. Pour l'instant, je suis allé là-bas pour discuter du lieu, de ce que je pouvais y faire et j'y suis retournée vendredi pour aider à installer une salle, avant les performances qui avaient lieu ce week-end. J'y vais demain pour un rendez-vous avec Shannon, Susana (qui me fait un peu peur avec ses airs d'artiste dépressivo-très-frustrée), peut-être Ludger (le boss, 50 ans, grand fin et yeux bleux comme un Allemand - ou un méchant dans un film des 70's, mais celui là a l'air plutôt gentil - a un hamac accroché derrière son bureau). L'après-midi je reste là bas pour faire de l'archivage : il serait pourrait que ce soit un peu le bordel dans les 3-4 dernières années de DVD... Et en profiter pour visionner quelques trucs. Ensuite je sais qu'ils auront besoin de moi pendant le festival (de fin Mars à début Mai, gros programme de performances et workshops), pour des petites conneries à droite à gauche, mais l'organisation de tels projets, c'est tellement de conneries à droite à gauche que je pense qu'il est important d'en passer par là - puisque ça sera mon job plus tard ! Entre deux ils savent que je suis là s'ils ont des truc pour m'occuper, et je vais leur faire comprendre gentiment que j'aime bien, être occupée !

Mais dans les deux cas ainsi que dans ceux qui vont suivre, je suis ultra-autonome, voire j'peux crever sur une plaque de verglas tout le monde s'en fout. Aha.. L'idée c'est aussi de faire ma place, de poser des questions, d'être une force de proposition et de suggestion de ce que je pourrais faire, de ce qui m'intéresse d'approfondir dans ce type de structure.

Ce qui suit, c'est que Sophie (cf. post précédent) a envie de se trouver une galerie et qu'elle aurait ptètre besoin de quelqu'un pour l'assister là-dedans. Je ne sais pas exactement de quelle manière, si elle a besoin de se faire des supports de comms, s'il s'agit d'avantage d'aller présenter son travail dans différents endroits, d'entretenir des contacts, d'établir des plannings.. J'en sais rien mais on va en reparler cette semaine, lors d'une coupe de cheveux ! La dernière piste c'est Willem (id.) parce que j'aimerais bien voir un peu mieux comment leur baraque fonctionne, comment ils établissent leur progra, comment se passe une séance d'enregistrement, comment ils se font connaître en tant que groupe... Pareil, ça demande bien sûr à être rediscuté, mais je me dis qu'être ici, c'est aussi essayer de saisir quelques opportunités, d'élargir mes expériences auprès d'artistes de registres différents. Un dernier contact avec un musicien fils d'une collègue de mon grand-père : début d'échanges de mails, à suivre.

Ca prend forme et une chose est sûre : je me sens dans mon élément.

Hier soir à la Tanzfabrik, c'était impro. 15 personnes dans la salle en comptant caméro / lumières, 3 danseurs. Alternance de solos et duos, en silence parfois parlé ou grogné. J'ai loupé le contenu du texte allemand mais particulièrement apprécié le passage en anglais sur les mouvements (un duo d'un Américain et d'un Allemand qui ont commencé à parler de danse en passant d'un thème à l'autre, et ça commençait par la perception horizontale des mouvements quand on était allongé à bouger et comment le cerveau l'interprétait.. pour finir sur une histoire de performance autour d'une vache que l'un d'eux avait vu - tout en dansant) La troisième danseuse avait un petit 70 ans je pense. Car la danse contemporaine n'est pas forcément très technique et peut s'adapter à l'âge, puisqu'elle est je pense idée avant d'être technique au sens potentiellement physiquement éprouvant... Parfois théâtralisée, parfois un peu absurde, des fois nettement indécryptable. Moment très intéressant et unique par le côté "impro".

Quelques heures avant, musée de la photo pas loin du Tacheles. The places we live, Jonas Bendikson (norvégien) qui propose quatre pièces de 9m² qui donnent une bonne impression d'être au coeur des slums de Mumbai, Nairobi, Jakarta. Et des passages où l'image se pose dans une pièce, montrant sa structure ainsi que ses occupants, avec un extrait d'entretien derrière qui explique le fonctionnement de l'endroit, comment la vie se passe ici... Joli, intéressant, touchant. Quasiment tout le reste du musée était consacré à une rétrospective de Don Mc Cullin. Avec beaucoup de photos de guerre, de cadavres, un peu glauque.

Sinon pour la partie "tout va bien" mes colocs ont l'air plutôt sympas, et j'ai bien l'intention de progresser en allemand histoire de pouvoir communiquer plus naturellement avec la faune locale...

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