samedi 19 février 2011

La suite, quelques mois plus tard

J'avais dit que je reviendrai. Je l'ai souhaité, ça s'est présenté, il y a eu les grands questionnements et puis me revoilà dans le froid. Berlinois. -17° ressentis, avec le vent sibérien, ça fait froid aux oreilles, aux mains, et ça fait pleurer. Les larmes gêlent sur mes joues en me brûlant la peau, sinon tout va bien.

Un grand bureau fait d'une épaisse planche de bois soutenue par trois traiteaux. Un grand bureau aux murs défoncés de coups de griffes, couverts d'une déco improbable, des poupées, des bouts de mannequins, deux grands (plusieurs mètres carrés..) visages peints ou esquissés, un peu effrayants. Alice est partie deux mois en Inde en me laissant sa place dans un appart assez incroyable que je partage avec Teresa, traductrice gréco-italienne et Virna et Babooshka, les deux chattes frangines.
Teresa traduit un livre sur la culture des escargots, car les Grecs sont tellement dans la merde qu'ils essaient tous types de reconversion. Elle est très attentionnée, généreuse, drôle et adore raconter des histoires, notamment calée en mythologie. Elle travaille dans la pièce à côté.
La chauffage de l'appartement. C'est quelque chose. Au poêle ! Il y a le heating n°1 qui est dans le bureau de teresa, et j'ai aussi un chauffage dans mon bureau. Ce qui implique récupérer des caissettes, presque préparer un feu pour mettre ensuite le charbon, puis manier les différentes entrées d'air pour que ça prenne bien. Checker régulièrement, rajouter un peu de charbon, descendre les cendres quand le seau est plein. C'est old school mais ça a un charme certain ! Du coup il fait froid dans la cuisine et on a un petit chauffage électrique pour la salle de bains, dont je me sers aussi un peu pour ma chambre.
Je me suis réellement installée hier. La façade qui donne sur la rue est toute peinte, très jolie, puis on passe sous une arche sous laquelle est suspendue une paire de canoës. Dans la cour, des vélos et plein de poubelles, à l'allemande. Un arc-en-ciel peint sur la façade de là où j'habite.

Stage. Ca prend évidemment une autre tournure que l'an passé. Etre en mode 3-4 mails par jour pour échanger des documents, poser des questions, penser à un truc à rajouter sur tel ou tel truc... Spéciale dédicace à l'équipe BlaBla : j'ai pris quelques bonnes habitudes, telles que spécifier l'objet de mes mails. Je suis d'une part à faire des choses pour Alexandra (préparer des invitations, et plus tard aujourd'hui commencer à revoir le budget prévisionnel d'après relevés bancaires..), la production manager de Jana qui prépare en ce moment sa pièce, Ast im Auge (Branche dans l'oeil) dont la première est le 4 mars au Hebbel am Uffer. Pièce sans musique, cinq danseuses et danseurs tous fort jeunes. Elle-même a 24 ans, elle a fait un Deug d'Arts du Spectacle à la Sorbonne et elle est pleine d'énergie, d'envies, de projets... Elle sait ce que c'est d'être stagiaire, et je pense qu'on peut vraiment développer une bonne relation et faire des choses intéressantes ensemble. Jana a construit sa démarche artistique autour de la phénoménologie liée au corps et développée par Merleau-Ponty. C'est très spécial, contemporain, mais il y a un vrai fond et un travail très précis qui témoigne d'une intention toute aussi précise. Etant installée pour de vrai, je vais pouvoir trouver mon rythme entre les passages au studio, le travail ici et les briefings avec Alexandra.

Hier soir, j'étais avec Emeline à une soirée privée au HBC, un lieu artistique en mode polyvalent : expositions, concerts, projections, soirées... A Alex, très branché, pour le lancement d'un concept de bar à New York, presque tout le monde super bien sapé, champagne à volonté, verrines/fingers food excellente, et tables de ping-pong un peu partout. Je ne sais pas s'il est possible de voir ailleurs qu'à Berlin une quinzaine de personnes en costards ou petites robes en train de faire une tournante avec une coupe de champagne à la main !! Bonne musique, faune tout de même diversifiée, soirée parainée par Susan Sarandon qui nous a fait un petit pitch. Première nuit dans un vrai lit, exquis.

C'est prometteur, vivement la suite.