mardi 27 décembre 2011

Un moment avec Elisabeth

    • Début de l'histoire. On était devant la gare Saint Lazare, quand une dame tombe, et peine à se relever. Les pompiers arrivent voir ce qu'il se passe, et nous les entendons exprimer leur incapacité à communiquer en anglais. Je vais leur proposer mon aide. Je lui pose quelque questions à leur demande, et les accompagne à l'infirmerie. Les pompiers de Paris nous rejoignent, deux nénettes à "papoter" en anglais - j'essaie surtout de la rassurer - autour d'une bande de pompiers que j'ai trouvé plutôt maladroits, mais sans doute un peu blasé de leur job : ils en voient d'autres. En fait la nana était bien bourrée, traitement antiépileptique + antidépresseurs dans son sac.... Américaine, Elisabeth, 38 ans. Elle venait visiblement d'avoir une énorme engueulade avec l'homme qu'elle imagine épouser, et elle était "juste" au plus mal. Les pompiers voulaient l'emmener à l'hosto, elle allait à Orly. Elle voulait rentrer chez elle - à New York - et le répétait sans cesse, je pense effrayée par l'idée d'être prise en charge à l'étranger alors qu'elle était probablement juste bien bourrée, avec des médocs un peu plus tôt certes.. Mais elle n'en démordait pas, elle avait son billet d'avion à changer, le cours de sa vie à reprendre et sa maison à retrouver. J'ai eu tellement de compassion sur le dernier point, et aussi sur l'état "jsuis trop bourrée jpeux plus rien faire mais pourtant il faut !!" Elle se relève et marche avec difficultés jusqu'aux toilettes. On parle avec les pompiers, et devant le regard légèrement narquois du plus vieux, je repars avec Elisabeth sous le bras, sa (putain de) valise de l'autre côté, pour prendre un taxi pour Orly (qu'elle m'offrait). Les pompiers m'avaient dit qu'on ne choperait jamais de taxi vu son état ; je récupère quand même un sac à vomi et blablate le taxi en arrivant "ma copine est américaine, très fatiguée de Noël et encore en jetlag".. Elle est prof de yoga. Je garde le sac à la main. Elle s'endort assez vite, et je me dis "c'est bien elle récupère un peu". Le taxi prend des plombes, embouteillages, Paris à 18h, miam ! Entre-deux, j'aperçois un écriteau stipulant qu'ils ne prennent pas la CB. J'espère qu'elle a du cash, car je suis sympa mais bon.. Je la réveille doucement près d'Orly, elle regarde le panneau et prononce les trois mots qui font mal "Charles de Gaulle" ; et merde.... Aucune idée de l'endroit où se trouvent les comptoirs easyjet, j'indique Orly Ouest, me disant qu'on trouvera une solution pour elle une fois arrivées. Elle pleure un peu entre deux, me remercie mille fois - why are you so kind ? Bagage sur chariot, passons la vitesse supérieure, l'heure a tourné. On se renseigne sur le lieu des comptoirs US Airlines, il n'y en a qu'à Roissy en effet. Je dois la laisser, en la convainquant que dormir un bon coup à Orly serait sans doute la meilleure idée avant d'envisager la suite. Je lui laisse mon adresse mail en lui demandant de me dire quand elle serait bien arrivée chez elle. J'attends..


      Les comptoirs Easyjet sont à Orly Sud, je cours choper le Orlyval, enregistrement, légère affolement aux contrôles de sécu - une poussette littéralement abandonnée au milieu du passage et rade de bacs en plastique.. 20 minutes de retard, vue sur les lumières de Berlin à deviner la Fernsehturm, sourire, et 6° en arrivant, incroyablement doux, pas de vent. S-Bahn, tramway, bière (Spätkauf mon ami !) et maison. Pfiouu....

mercredi 11 mai 2011

Avoir un chez soi, pourquoi ??

Pour avoir des plantes : ciboulette, basilic, menthe, sur un rebord de fenêtre. Les regarder grandir, parfumer son quotidien. Pour avoir toutes mes fringues sous la main, et pouvoir me faire plaisir. Pour ne pas hésiter à acheter de la laque pour fixer mes dessins, en sachant que ce que j'achète maintenant, je le trimballe encore un peu... Pour avoir des habitudes dans un quartier, et dans un voisinage proche : savoir où trouver des avocats par exemple. Pour se reposer, ne pas être forcée de faire et défaire mon (mes) sac(s) toutes les semaines. Pour construire des relations : dans une colloc, avec des vrais gens, des amis ?! Pour y mettre un chouilla de déco, personnaliser ce chez-moi, faire que je m'y sente véritablement chez MOI. Pour y aménager un vrai bureau, et aussi un vrai coin dessin. Pour entasser un peu de bordel sans avoir en permanence le spectre de devoir le bouger, encore et encore. Pour trouver un club de capoeira, faire du volley dans les parcs. Pour retrouver mon vélo, fidèle destrier s'il en est. Pour ne pas me demander où je suis en me réveillant. Pour pouvoir me consacrer à autre chose - mémoire pro, à tout hasard - que de bouger sans cesse. Pour trouver un semblant de routine, le confort de savoir que les clés qu'on a dans la poche, elles ouvrent un univers familier et construit selon nos attentes.

Pas grand chose, en soi...

mardi 19 avril 2011

deDingen

C'est d'abord une vitrine, où on n'arrive pas bien à savoir ce qu'il se passe à l'intérieur : des travaux, un bar qui va ouvrir prochainement ? Je passe plusieurs fois devant puisque c'est à quelques mètres de la maison où nous habitons, à Courtrai, tout près du Buda Theater. Ca semble sympa en devenir, comme un repère d'artistes un peu bohêmes. Une ardoise, où il est marqué deDingen / L'atelier. Elargissons notre vocabulaire famand !

Puis c'est une terrasse au soleil où il fait bon venir boire un petit café après le déjeuner. On passe derrière le bar se faire nos expressos ou chocolats chauds, bios, équitables, qu'on sirote en profitant de la fin de la pause. Les petits gâteaux qui vont avec le café sont délicieux. Potentiel de bar vraiment cool, qui romp avec la monotonie de Courtrai et des vieux de la maison de retraite en face, havre de vie.

A l'intérieur, des tables et chaises de récup, un vieux canapé, beaucoup de plantes, des bougies, des vieilles lampes, vieilles radios, une guitare. La palette de couleurs s'articule entre les verts d'un mur et des plantes, et des rouges et oranges de divers éléments du décor. Equilibre agréable et reposant, lumière douce. Entendre la Rue Kétanou et avoir l'impression d'être au lycée. Découvrir d'autres choses, l'oreille tendue, bientôt le MP3 branché pour une OPA en règle.
Papoter au bar avec notre hôte, ou simplement me caler à dessiner un coin de cet endroit. Refaire le monde un peu plus tard...


Chouffe à la pression, Maredsous en bouteille, et quelques tests de cocktails au concombre ou à la fleur de sureau. Si l'heure de fermeture annoncée est 23h, Brecht ne fermera pas tant que certains auront envie d'une dernière des dernières des dernières petite bière. Un soir, tard, j'ai droit à la visite complète des lieux par son locataire : plein de possibilités de petits espaces d'expositions, ou de mise en place d'ateliers, et aussi d'un coin pour que lui puisse vivre. C'est à l'état de brouillon, mais l'espace est vraiment grand et donne envie d'y faire des choses.


Brecht a 28 ans. Il a l'air d'avoir pas mal voyagé, et pose ses valises pour un petit moment dans ce lieu qu'il souhaite inventer. Grand et fin, brun bouclé avec un front étroit et de (grands) yeux bleus, il ressemble un peu à un gentil hobbit. Très calme et un peu à l'ouest, il accuse légèrement le rythme éreintant que suppose l'ouverture d'un bar. Flamand d'origine, il mélange facilement le français et l'anglais à partir d'une certaine heure. Je ne sais jamais dans quelle langue m'adresser à lui.


Bruxelles c'est bien, vivant. Mais la perspective de retrouver ce petit coin de terrasse/comptoir permet de ne pas trop déprimer à l'idée de retournée à Courtrai, dans dix jours...

mardi 29 mars 2011

Mireille

Ca ne faisait pas cinq minutes que je m'étais installée sur cette terrasse ensoleillée, un 33 blond bien frais sur la table, Le Roi des Aulnes ouvert sur mes genoux, quand une vieille dame m'a demandé en flamand - assez proche de l'allemand, donc compréhensible - si la chaise était libre. Bien sûr, elle s'asseoit. Commence à me parler, je l'interromps très vite en lui expliquant que je ne parle pas flamand, que je suis française. Elle enchaîne donc dans un français grammaticalement hésitant, mais au vocabulaire permettant de communiquer correctement. Une petite vieille aux cheveux épars et bouclés, plus que grisonnants, aux chevilles et poignets fins, au vernis à ongle dépareillé de rouges et rosés. Son verre de blanc arrive sur la table. Elle a déjà allumé une cigarette. Elle m'explique qu'à partir du moment où elle est assise dans un fauteuil avec un verre, il faut qu'elle ait une cigarette à la main, mais que ce n'est pas bon d'inhaler la fumée, alors elle fume clope sur clope, en crapottant. Cinq en une demie-heure, des industrielles. Elle a deux paquets différents sur elle, des plus ou moins fortes. Elle m'en propose, je décline, lui expliquant que je préfère les cigarettes roulées. Elle me demande ce qu'est cet appareil volumineux posé sur la table : un téléphone ? Non, un casque pour écouter de la musique - vous voulez que je vous fasse écouter un peu de musique ? Elle ne semble pas à l'aise à l'idée d'avoir un tel appareil sur sa tête et refuse poliment. 79 ans, 80 en juillet, elle a de l'arthrose, du mal à marcher, mais utilise inlassablement son vélo, qu'elle a attaché contre le paravent de la terrasse. Elle est tombée quatre fois, se cassant le coude, le nez, mais remontant toujours sur la selle dès que réparée. Elle préfère l'indépendance que lui procure le vélo, et comme elle n'habite qu'à dix minutes, c'est bien plus simple que de demander à son mari de la conduire en voiture. Elle ne peut pas trop rester au soleil car la peau de sa joue gauche noircit au contact des UV - "quand on est jeune, on peut faire ce qu'on veut, mais quand on vieillit, il faut faire attention à tout". Elle se tourne légèrement et continue de me parler. Son mari travaille à la télévision à Bruxelles, mais elle a toujurs vécu à Courtrai. Elle me demande plusieurs fois où j'habite, ce que je fais là. Pas évident de lui répondre que j'habite à Berlin, que je suis là dans le cadre d'un stage en production pour accompagner une compagnie de danse, que nous vivons dans cette maison adjacente au Buda Theater avec l'équipe. Je reprends une bière : une Hoegaarden à la pression. Elle m'explique que son fils est marié à une Zimbabwéenne, qu'ils ont vécu au Zimbabwé, en Guinée et maintenant en Bolivie, que ce n'est pas facile pour les enfants, de devoir passer comme ça d'une langue à l'autre. Sa fille est veuve, son copain étant mort d'overdose - "dans toutes les familles il y a des histoires comme ça". Je lui offre du chocolat - Côte d'or au lait avec éclats de speculos ; elle m'offre un briquet, m'expliquant qu'elle en a toujours des très biens quand elle achète des cigarettes, avec cette sécurité pour que les enfants ne puissent pas les utiliser. Elle part en me déposant une bise, me remerciant de la compagnie, envisageant que l'on se recroise sur cette terrasse, si les circonstances s'y prêtent...

mardi 22 mars 2011

I would ride 500 miles !!

C'est l'humeur, au soleil "toujours", à vélo depuis samedi. Türkisches Flohmarkt en bas de ma rue, le moment d'observer, de négocier, et de remplacer Ziggy. La fin de l'histoire était bien triste : en partant en août dernier, j'ai laissé mon vélo à un Espagnol qui reprenait ma chambre pour un mois. Pour ne pas qu'il galère à en acheter ou en louer un, parce que l'été à Berlin c'est à vélo, parce que je suis sympa. Trop. Ce petit enfoiré a disparu avec sans plus jamais donner de nouvelles - et si jamais nos routes se recroisent, je lui écrase la tête par terre pour lui inculquer les bonnes manières !! C'est donc le coeur abîmé que je m'en allais par ce samedi ensoleillé trouver une monture à peu près digne de remplacer Ziggy, qui soit dit en passant m'avait coûté 20€. Je sais, je sais, à ce prix, c'était un vélo volé. Mais tout aussi bien volé qu'un peu jaune et violet, c'était mon vélo quoi. Passons, concentrons nous sur l'offre.

Presque que des vélos d'hommes, grands. J'en essaie un premier : pédalier défaillant, pas question de devoir hésiter à appuyer sur les pédales, et puis quoi encore ?! Le second c'était pareil, sauf qu'à l'instant où la pédale a lâché, la selle a commencé à partir en avant, moment idéal pour m'apercevoir que les freins ne marchaient que très mal. L'agacement monte, de part et d'autre de la négociation. J'en essaie encore un autre, un bon VTT pas trop grand, robuste. Un frein bugue mais il est largement utilisable. Je négocie (ahahah, comme si j'avais pas commencé depuis le début) et repart avec celui dont il manque toujours un nom. Violet foncé, garde-boue arrière et porte bagage, et ces trucs sur les côtés du guidon qui permettent de prendre une position que je ne prends jamais parce qu'elle ne permet pas de freiner rapidement.

Double test, dimanche et lundi, Schlessi / Mauerpark en une demie-heure, je valide !! Le côté VTT est pas si mal pensé ici, au vu des pavés, des routes parfois gondolées de racines ou de travaux. Bonne accélération, bon rythme de croisière, suffisamment de vitesses pour aborder la Prenzlauerallee tranquile.

C'est donc dynamisée par la vitamine D solaire et la reprise du pédalage intempestif que je me prépare à partir en Belgique, à Courtrai, dans la lointaine agglomération lilloise, en zone flamande, là où Eszter Salamon et son équipe sont en résidence pour un gros projet dont la première est le 21 Mai, au KAAI Theater de Bruxelles. On décolle demain avec Alexandra, elle reste deux jours avec moi pour s'occuper de tout un tas de trucs et m'expliquer quelles seront mes missions (assistance / accompagnement en résidence ?!) pendant le restant de la semaine. L'idée c'est que toute l'équipe squatte une grande baraque à deux minutes du théâtre.

La pièce repose sur une trame de science fiction / anticipation, dans un monde qui se passerait de la présence des corps humains. Pièce de danse qui met l'accent sur l'accoustique et la mis en scène. Grosse équipe technique, deux compositeurs, deux danseurs dont la chorégraphe, une dramaturge : il me tarde de rencontrer l'équipe, de voir de quoi retourne ce projet qui me semble d'ici vraiment intéressant et stimulant.

Ca fait un peu plus d'un mois que je suis revenue : le rythme me plaît et l'atmosphère a toujours ce piquant délicieux, d'un karaoké où tu te foires magistralement parce c'était pas la bonne version de ta chanson, mais où tu repars avec un t-shirt offert par une Italienne (toujours eux...) qui lance sa marque à Berlin - www.whereisjesus.de.

mardi 1 mars 2011

Springtime !

C'est officiel, parce qu'à partir de trois jours d'un air plutôt doux, on peut considèrer que c'est le printemps. Si le ciel est bleu presque tout le temps, depuis mon arrivée, cette fois on tombe les gants, le troisième pull et la deuxième écharpe. La fraîcheur du Club Mate se laisse apprécier. Je pense de plus en plus à aller à METRO m'en acheter une caisse, parce qu'ils n'en vendent pas au Kaiser à côté et que boire du Club Mate de Späti tout le temps, c'est un budget !

Vendredi, samedi et dimanche, Ast im Auge est présenté au HAU3, une salle au bord du canal, entre Hallesches Tor et Möckernbrücke. Le planning sur la semaine est plutôt chargé, car complété par d'autres petites choses que je devais faire pour Alexandra. Ca risque d'être sympa, à faire signer les contrats, organiser quelques choses pour Springdance à Utrecht et être la référente pour différentes personnes qui doivent passer avant ou pour la générale, prendre les réservations... Donc aujourd'hui je vais aller rencontrer les gens du HAU qui paraît-il sont adorables, expliquer qui je suis et leur piquer leur téléphone pour des appels internationaux et quelques impressions. Ils s'installent ce soir dans la salle, avec lumières.

Hier soir c'était resto avec toute l'équipe, la Tacha en mode discrète - et même légèrement intimidée, assise à côté d'une Finlandaise qui ne dit pas grand chose, pas évident. Bon moment tout de même, à un peu échanger avec les uns et les autres. L'équipe est sympa mais pour beaucoup ne reste pas sur Berlin. Une dramaturge adorable et perchée, Bryan et Tara jumeaux de t-shirt et whisky. Presque tous végétariens.

L'ambiance à l'appart est toujours très bonne : Teresa relit son livre sur l'éliciculture, elle craque un peu mais voit la fin. Les chattes mangent et dorment sur la converture qu'on leur a mis près du poêle, dans le coin de salon qu'on s'est aménagées, là où il fait chaud. Je ne suis pas encore retournée au Türkischesmarkt, sans doute vendredi. Je prends mon temps, en profite pour avancer des histoires de propriété intellectuelle et droits d'auteur..... Faire des listes de vocabulaire, adopter une attitude antiprocrastination qui pour l'instant se révèle plutôt efficace.

Et l'envie de cluber, qui monte, qui monte !!

samedi 19 février 2011

La suite, quelques mois plus tard

J'avais dit que je reviendrai. Je l'ai souhaité, ça s'est présenté, il y a eu les grands questionnements et puis me revoilà dans le froid. Berlinois. -17° ressentis, avec le vent sibérien, ça fait froid aux oreilles, aux mains, et ça fait pleurer. Les larmes gêlent sur mes joues en me brûlant la peau, sinon tout va bien.

Un grand bureau fait d'une épaisse planche de bois soutenue par trois traiteaux. Un grand bureau aux murs défoncés de coups de griffes, couverts d'une déco improbable, des poupées, des bouts de mannequins, deux grands (plusieurs mètres carrés..) visages peints ou esquissés, un peu effrayants. Alice est partie deux mois en Inde en me laissant sa place dans un appart assez incroyable que je partage avec Teresa, traductrice gréco-italienne et Virna et Babooshka, les deux chattes frangines.
Teresa traduit un livre sur la culture des escargots, car les Grecs sont tellement dans la merde qu'ils essaient tous types de reconversion. Elle est très attentionnée, généreuse, drôle et adore raconter des histoires, notamment calée en mythologie. Elle travaille dans la pièce à côté.
La chauffage de l'appartement. C'est quelque chose. Au poêle ! Il y a le heating n°1 qui est dans le bureau de teresa, et j'ai aussi un chauffage dans mon bureau. Ce qui implique récupérer des caissettes, presque préparer un feu pour mettre ensuite le charbon, puis manier les différentes entrées d'air pour que ça prenne bien. Checker régulièrement, rajouter un peu de charbon, descendre les cendres quand le seau est plein. C'est old school mais ça a un charme certain ! Du coup il fait froid dans la cuisine et on a un petit chauffage électrique pour la salle de bains, dont je me sers aussi un peu pour ma chambre.
Je me suis réellement installée hier. La façade qui donne sur la rue est toute peinte, très jolie, puis on passe sous une arche sous laquelle est suspendue une paire de canoës. Dans la cour, des vélos et plein de poubelles, à l'allemande. Un arc-en-ciel peint sur la façade de là où j'habite.

Stage. Ca prend évidemment une autre tournure que l'an passé. Etre en mode 3-4 mails par jour pour échanger des documents, poser des questions, penser à un truc à rajouter sur tel ou tel truc... Spéciale dédicace à l'équipe BlaBla : j'ai pris quelques bonnes habitudes, telles que spécifier l'objet de mes mails. Je suis d'une part à faire des choses pour Alexandra (préparer des invitations, et plus tard aujourd'hui commencer à revoir le budget prévisionnel d'après relevés bancaires..), la production manager de Jana qui prépare en ce moment sa pièce, Ast im Auge (Branche dans l'oeil) dont la première est le 4 mars au Hebbel am Uffer. Pièce sans musique, cinq danseuses et danseurs tous fort jeunes. Elle-même a 24 ans, elle a fait un Deug d'Arts du Spectacle à la Sorbonne et elle est pleine d'énergie, d'envies, de projets... Elle sait ce que c'est d'être stagiaire, et je pense qu'on peut vraiment développer une bonne relation et faire des choses intéressantes ensemble. Jana a construit sa démarche artistique autour de la phénoménologie liée au corps et développée par Merleau-Ponty. C'est très spécial, contemporain, mais il y a un vrai fond et un travail très précis qui témoigne d'une intention toute aussi précise. Etant installée pour de vrai, je vais pouvoir trouver mon rythme entre les passages au studio, le travail ici et les briefings avec Alexandra.

Hier soir, j'étais avec Emeline à une soirée privée au HBC, un lieu artistique en mode polyvalent : expositions, concerts, projections, soirées... A Alex, très branché, pour le lancement d'un concept de bar à New York, presque tout le monde super bien sapé, champagne à volonté, verrines/fingers food excellente, et tables de ping-pong un peu partout. Je ne sais pas s'il est possible de voir ailleurs qu'à Berlin une quinzaine de personnes en costards ou petites robes en train de faire une tournante avec une coupe de champagne à la main !! Bonne musique, faune tout de même diversifiée, soirée parainée par Susan Sarandon qui nous a fait un petit pitch. Première nuit dans un vrai lit, exquis.

C'est prometteur, vivement la suite.