vendredi 7 mai 2010

I wanna be a part of it...

L'autre jour, en allant à la Tanzfabrik, j'ai trouvé une friperie dans une entrée d'église. Elle ne se tient qu'une fois par mois pendant deux jours et il y a des portants sur le trottoir et à l'intérieur des portes largement ouvertes. On peut monter par les escaliers du côté pour aller essayer des fringues. C'était je pense la première fois que je me déshabillais dans une église...

L'autre jour, un peu plus tard, j'ai eu un début de plan assez intéressant. Ludger m'a présenté à une compagnie composée d'un duo de danseurs (Hyoung-Min, coréenne et Thomas, allemand francophone) accompagné par un musicien italien dont le prénom m'échappe. Ils risquent d'avoir besoin de menus coups de main, et le deal c'est que j'assiste à leurs répèt, à tout leur processus de recherche créative en échanges de petits services.

Première séance, je comprends rapidement l'ampleur des dégâts : ils travaillent sur de l'argile (vaguement comparable à de la boue, une tonne récupérée sur une sorte de chantier près de Berlin) dont ils ont recouvert une bâche - c'est pour l'instant leur terrain d'improvisation. Deux sessions de trois petits quarts d'heure, entrecoupées de discussions sur ce qu'il vient de se passer. La thématique des réfugiés, de l'exil, de la migration. L'attente, l'anxiété, la nature de l'homme qui continue de dormir, de pisser, de manger parfois, de chercher de l'eau. Ils me demandent de prendre des photos (tout est filmé, toujours), je m'éclate. Chacun évolue plutôt dans son coin. Musicien et danseurs en impro, se font des retours à la fin. Restent assez indépendants les uns des autres.

Deuxième séance. Juste les deux danseurs. Changement temporaire de studio, ils ne réinstallent pas l'argile, par flemme et pour ne pas rester prisonnier du matériel.
T : "Shall we talk ?"
H-M : "We don't talk, we try to read each other."
Une trâme avec différentes phases dont ils ont discuté au préalable et qu'ils essaient de différentes manières. Ca fait drôle d'être seule face à eux dans un studio quand ça devient violent, sexuel. De fait, beaucoup plus d'interaction entre les deux. Essayer des choses et voir ce qui fait sens au vu du "message" qu'il cherchent à transmettre. Je leur demande à la fin si je ne les ai pas trop dérangés : pas de soucis, c'est même pas mal d'avoir une autre présence dans le studio. Très bien.

Troisième séance en mode solo. Chacun prend des notes et donne son avis à la fin.
T : "I don't wanna judge..."
H-M : "I think we should start to judge."
L'après-midi se termine sur Thomas donnant des directives à Hyoung-Min, sous formes d'images. Et bien passer d'un chien joyeux à se faire violer sans changer de position, il faut trouver une transition adéquate... Gros travail sur les transitions justement. On a le droit de rire, et ce n'est pas la première fois que je m'en aperçois : quand la danse contemporaine part en couille, on a le droit de rire. Même si tout le monde n'éclate pas de rire, on a le droit de réagir et c'est très agréable : ça fait relâcher la pression d'un spectacle souvent bizarre où tout le monde se triture à chercher le sens. Une approche constructive de leur part à ce propos : passer de l'abstrait au concret en laissant une trâme claire, un fil directeur qui ne perde pas trop le spectateur.

Ils sont en résidence à la Tanzfabrik pendant deux mois, puis deux semaines aux Ufastudios et attaquent leurs premières dates mi-juillet. C'est donc vraiment chouette car si la relation se poursuit comme telle, j'aurai l'occasion d'un bon suivi de projet. C'est déjà intéressant au plan de la production artistique, pour voir de quoi ils sont partis, par quelles étapes ils sont passés pour porter un regard plutôt éclairé sur le résultat. Ils ont autour d'eux une équipe composée d'une "stage designer", d'une administratrice qui ne doit pas s'occuper que d'eux, d'un directeur qui serait le copain de H-M et d'un ingé lumières : des gens que je vais avoir l'occasion de rencontree, et maintenant une petite stagiaire qui voudrait bien leur rendre quelques services !

lundi 3 mai 2010

1er Mai berlinois

A vrai dire, les festivités commencent la veille. La Boxhagener Platz est cernée de flics, il y a des barrières posées à toutes les entrées avec fouille des sacs (principalement pour les bouteilles en verre) A l'intérieur se succèdent concerts punk et lectures de discours (à saveur anticapitaliste, antifa, selon), le bar du Zielona Gora est blindé. Une énorme concentration de crêtes multicolores, de looks vraiment travaillés, de dreads aussi parfois. La mode est au rose, me suis-je dit il y a peu en voyant pas mal de nénettes arborer cette couleur, mais le rouge et le vert sont aussi bien présents... Les pots de Vivel Dop extra-strong seront vides après-demain.

La police allemande : en vert (sonnant tout de suite très militaire) ou plus rarement bleu marine, représentation féminine très forte pour ce type d'évènement, présence énorme pour un concert en plein air. Une trentaine de fourgonettes pour un petit millier de personnes sur la place. Gentils je dirais : plutôt intransigeants mais capables d'amabilité.

Je pars avant d'avoir le dénouement de cette soirée, un autre programme m'attend. Passage dans une Proberaum, un bâtiment avant rempli de studios d'enregistrement et aujourd'hui sérieusement menacé de démolition. Un de ces bâtiments informes de la Revaler Strasse dans laquelle je ne suis pas prête d'arriver au bout de mes surprises. On entre par une porte qu'il fallait connaître, un monte un escalier tout dégueu pour arriver dans un couloir menant sur trois pièces : une d'où sort de la musique, une complètement vide, une autre où il faudrait tourner une scène malsaine - tapis rouge, une marche d'estrade au fond, lumière rose, drapés au plafond, la dernière servant de dortoire et de petites discussions. Je ne reste pas longtemps mais apparemment la suite promettait, avec notamment démolition de murs en boites de coquilles d'oeufs, batailles à coups de carton... Je vais récupérer mon vélo, direction Kreuzberg pour boire une bière avec Jeanne et des potes à elle. Et puis Berghain. Une des trois plus grosses boîtes de la capitale. De l'électro très réputée et, chose assez inhabituelle, commençons la description par la queue. Une bonne heure et demie le samedi, et l'incertitude permanente quant à se faire jeter. Légende urbaine : toutes les semaines, le videur du Berghain se retrouve avec quelques potes ? autres videurs ? gens très hypes ? et ils décident ensemble de quel profil pourra ou non rentrer pendant la semaine. Ils virent des groupes de nanas bien sapées et font rentrer trois gars qui ne paient pas de mine. C'est vraiment à s'y perdre.

Petite demie-heure de queue seulement pour nous, il jète un coup d'oeil au leggings argentés de Jeanne et au look Lady Gaga de sa pote, et nous laisse entrer. Seul le Panorama Bar est ouvert le vendredi, donc une grande salle avec un côté dance floor, un énorme bar au milieu et un côté canapés. En vous perdant pour aller aux toilettes, vous tomberez peut-être également sur une de ces petites niches où des couples (+ si affinités) viennent consommer une fiévreuse passion engagée sur la piste de danse. On note au passage que les photos sont interdites ici.

Musicalement, je reste choquée par les basses qui tremblent et font sauter le coeur dans sa cage. De vraies montées qui rappellent que c'est une musique qui colle à la drogue. Des explosions de sons qui auraient dû depuis longtemps faire s'écrouler les murs. Une musique qui indéniablement fout la patate et laisse le temps filer, filer jusqu'à ce que filtre par les volets une lumière qui n'est déjà plus celle de l'aube. Bientôt 6h. On profite encore un peu. Retour au grand jour, croiser des gens café à la main. Ca me met toujours le sourire.

Voilà donc comment aura commencé mon 1er Mai. Une nuit très courte pour ne pas perdre trop de temps. Myfest débute vers 14h, ce qui signifie des concerts partout dans Kreuzberg. Et c'est reparti ! Petite parenthèse : Kreuzberg et Friedrichschain sont séparés par deux ponts (un de métro et un de .. Spree ?) par lesquels je passe à chaque fois que je vais dans ce coin là, c'est-à-dire la plupart des fois que je sors de Friedrichschain. C'est toujours des endroits où se forment des groups de cyclistes : le peloton de la Warschauerstrasse. Ceux qui anticipent les verts, ceux qui pennent au démarrage, ceux qui cherchent à crâmer les autres pour prendre de l'élan pour la côté (c'est ici que vous pouvez me reconnaître), ceux qui ont des vitesses sur leur vélo, ceux qui ont des charettes et qu'on admire, celle qui prend un malin plaisir à doubler sur le deuxième. On est souvent une quinzaine, à regarder le spectacle de jongleurs de feux rouges, en attendant d'appuyer sur les pédales.

Il y a une petite ambiance fête de la musique au nord de la U1. Beaucoup de monde, des groupes qui se relayent sur différentes scènes, encore de l'électro mais aussi du punk, du reagge, même des jazzeux paraît-il ! Je passe un bon moment à me ballader, regrettant de ne plus avoir de batterie dans mon appareil photo. Bonne ambiance, vraiment, des gens qui n'ont pas encore atterri de la veille et qui continuent de danser. Un groupe de rock leadé par une asiat en veste en plastique vert.

Je retrouve les ptits lous de la Gärtnerstrasse près du départ de la manif. 19h, le cortège démarre au son de grosses musiques révolutionnaires (de près ou de plus loin) sur des camions. Motivés motivés... Grosse pensée pour Anouk. J'entends à un moment que nous sommes 20 000. La suite plus tard.

samedi 24 avril 2010

Le karaoké du Mauerpark

Dimanche dernier c'était grand soleil sur cet énorme parc avec une partie de puces et échopes diverses. Un large bande d'herbe la sépare d'un amphi entouré d'herbe. Au bas de l'amphi, une sorte de scène, comme il se doit. Dessus, une installation avec un vélo/cariole, un mac, un parasol pour le protéger - et pour y voir - deux grosses enceintes d'un autre temps : le karaoké du Mauerpark. Un bon millier de personnes, gradins blindés, sur l'herbe autour, derrière la scène.

Il faut être vaillant.

Les niveaux sont très différents, un groupe d'ados vient chanter et chorégraphier YMCA, une minette lance des frissons dans l'audience sur Alicia Keys - If I ain't got you. Un type vient beugler du ACDC - dommage. Like a Virgin suivie de Pretty Woman. Le public rigole de loin mais applaudit toujours chaleureusement. Un type ivre mort monte sur la scène, manque de se casser la gueule. S'asseoit, s'allonge, se retourne, semble agoniser au soleil. Puis se relève, casse un peu les couilles, enlève sa veste, fait quelques pompes sur No Woman No Cry et les encouragements du public.

Prochaine étape : aller voir de plus près les choix disponibles, et se mettre un grand coup de pied au derrière !!

lundi 19 avril 2010

Visite de Constance et Alice

Une semaine bien chargée, rythme de touriste/night animal. 2x 4 jours à voir/faire beaucoup de choses. On va essayer de se la jouer chronologique.

La soupe suédoise avec Constance, ou l'équipe de la Tanzfabrik en lendemain de Lange Nacht, fatiguée et un peu nerveuse. Cuisiner dans un bureau c'est pas évident... On mène notre mission à bien, elle va voir le spectacle pendant que je m'assure que la soupe ne crâme pas. En discutant avec deux élèves qui bossent à la TF pour avoir de grosses réductions sur les cours, buvant deux verres de blanc. La performance qui vient d'avoir lieu, c'est celle des suédoises du workshop de danse contact qui font piocher des thématiques d'impro au public avant de se lancer. Ca va d'"éloignement / rapprochement" à "transformez le public en chorale de bruits d'animaux pour improviser". Ce dernier est plutôt coopératif dans ce genre de situation, et j'avais un super mouton à deux places de moi !

Une grosse expédition fripes avec Constance, au Garage, à Nöllendorfplatz. Emprunter le vélo de Nico trop haut, barre au milieu, rétropédalage casse-gueule. Au final un énorme magasin mais au goût souvent douteux, parfait pour des déguisements plus que pour le quotidien. Des matières, des couleurs et des imprimés qui font un peu perdre la tête. De tout, des bacs de cravattes, chapeau de cow-boys, des centaines de jupes de toutes les longueurs, toutes les formes. Des robes de gothique, des robes de bal, des robes de mariée, à froufrous, à jupons, à certaines héroïnes de galas Science Po..

Contre-temps du mardi soir, avion d'Alice annulé, nous voilà parties pour une dernière soirée à aller d'un bar à l'autre, retrouver quelques collègues puis retourner (pour moi) au RAW Tempel, ce gros bloc de béton plein de musique sur laquelle il fait bon dépenser pas mal d'énergie. Cette Revaler Strasse a quelque chose de dingue dans sa structure : ce grand mur couvert d'affiches, avec quelques entrées qui mènent à 4 ou 5 clubs, chemins de terre, hangards, punks, autres, et souvent un type avec son caddie et ses cinq sacs poubelles qui (sur)vit des consignes des bouteilles qui trainent partout. A environ 20 cts la bouteille, je pense facile 500 bouteilles en moyenne par soirée, ça fait du 2600 en comptant 4 jours de congés... Et c'est pas pire que danseuse au Abercrombie & Fitch de Tokyo ! Coin définitivement sympa.

Ca m'amène forcément à notre vendredi soir simplement dingue. On a découvert la Revaler Strasse bis, à Ostkreuz. Encore une grande épopée de soirée qui mérite ses détails. Mojitos chez moi avec Alice, Nico, Morgane, mon coloc. On part toutes les trois avec le vélo de Nico dans l'idée d'aller au Watergate, un des trois clubs très réputés à Berlin. On entend du Yelle par une fenêtre de la Mainzer Strasse. La roue arrière de Nico ne tient pas 50m, dégonflée. Me voilà partie à courir attraper le tramway pour les retrouver un peu plus loin, puis arrivées au Watergate, entrée assez chère, des gens qui sortent à 2h30, pas de queue, moyennement engageant. Morgane nous parle du Renata, un club à juste un station de métro ambiance XIXème, danser sur un énorme tapis oriental qui doit être dans un état pas possible. La perspective nous paraît sympa. Sur le chemin, elle ne cesse de se demander si ça sera ouvert, il est pas loin de trois heures, les mojitos sont loin et nos jambes (et têtes) un peu lourdes. On descend du métro et voyons des gens partir dans des chemins obscur d'où nous parviennent les accords d'une musique qui en ce lieu paraît irréelle. Vraiment. On continue, jusqu'à tomber sur le troisième endroit d'où on peut entendre du son. Au milieu de 50m de mur peint s'ouvre une porte. Des gens en sortent. On se regarde, on entre. Au milieu de quelques arbres, petit chemin qui mène à un bâtiment assez bas, à moitié en bois et tôle. A gauche, table de ping pong rouge trop jolie, gens qui boivent des bières. Personne à l'entrée, on y va. 4 ou 5€ les trois bières, comme tu veux. "Y'a des cinquantenaires tout défoncés qui dansent comme des teletubbies !" Faune autant que décors déroutants. La musique n'est pas ma préférée, de l'électro parfois tripante mais pas très originalement construite. On bouge, ayant en tête de découvrir cette rue plutôt que le Renata. Deuxième endroit, 5€, suivant. Troisième endroit très étrange, un vaisseau spatial genre grande tente en tôle avec des lumières bizarres. A l'intérieur, 12 pécos qui dansent en slip. Vision très étrange. On repart en tripant sur un mix de - mais si vous voyez, ça fait "papopapopolapo (X2) popapapalapapopapalapapopapalapapopa" (un cadeau à celui qui trouve le titre). Il commence à être 4h30 et on a eu notre lot de surprise. Ah bon ? Retournée à l'arrêt de métro, on croise un type qui est censé aller à une soirée d'anniversaire sur un bateau. L'adresse dit quelque chose à Morgane, il nous propose de venir. On se retrouve donc sur une sorte de bateau où des ptits jeunes ont l'air de festoyer. Petite partie de baby, très bon feeling ! Et lever de jour sur la Spree. Retour chanceuses des métros, couchées vers 6h.

Je finirai pour aujourd'hui sur la jam session du B-Flat de mercredi dernier. Si l'affaire est partie en trio, la scène s'est rapidement remplies, pour finalement donner un mélange fort sympathique. Le petit black au piano, avec sa petite dégaine très classe, gapette et chemise finement rayé, très souriant. Le vieux à la trompette, qui est venu faire deux morceaux et est reparti au milieu du troisième. Le contre bassiste que j'avais déjà vu, qui doit ptètre un peu manager la jam session du mercredi... Et des jeunes : un guitariste métisse asiat, la sax alto aux cheveux dans la gueule en solo, pour le moins expressive. Le sax du type à la casquette qu'on croyait plus timide qu'il n'était, une fois lancé. Le trompettiste un peu prétentieux peut-être, et un batteur qui faisait vraiment tout jeunôt mais semblait tellement bien sentir son truc ! Passer le concert assises sur le bord de la "scène", prendre quelques mauvaises photos. Apprécier la diversité des profils, les sourires échangés, les regards satisfaits des grands. Du bon jazz qui auraient parfois pu donner envie de danser.

Du coup, après périple en France et visites berlinoises, il est temps de rattaquer les choses sérieuses. J'ai rendez-vous avec Ludger demain, j'attends avec impatience de savoir quelle peut être la suite du plan "soupe suédoise" !

vendredi 9 avril 2010

Trois workshops

Retrouvailles berlinoises plus que chaleureuses, vélo au soleil du matin sur fond de System of a Down, arrivée en bas de la Tanzfabrik pour y croiser une énorme black qui me dit "salut". Pourquoi pas. Je la reconnais comme étant Elsa, la responsable du workshop de danse africaine. Je lui propose mon aide pour monter ses sacs, elle m'explique qu'elle a les genoux détruits et accepte bien volontiers. Je vais ensuite retrouver Gabriele (une danseuse qui s'occupe pas mal des workshops pour la Tanzfabrik) et Florian (photographe pro) pour voir l'organisation de la journée, rapidement comprendre comment marche leur caméra.

Premier workshop adressé aux pros, animé par Ori Flomin, danse contemporaine vraiment sympa avec beaucoup de mouvement et d'énergie. Particulièrement dur à filmer (pas de possibilité de recul, difficile de bien cadrer en suivant les danseurs...) En musique, des groupes qui se relayent et répètent la même phrase chorégraphique. Certains restent un peu après pour repasser par groupes de trois, un peu plus lentement pour que Florian capte les mouvements qu'il n'a pas réussi à avoir dans le groupe. On en parle après, de la difficulté à anticiper. Ma seule séance de photos dans un cours de danse m'aura au moins appris ça : regarder un enchaînement de mouvements deux ou trois fois pour savoir que telle, telle et telle image, il faut les capter. Et les anticiper pour ne pas les louper, capter les déséquilibres, les changements d'appuis. Filmer le duo atypique d'un photographe à moitié allongé et d'une danseuse.

Deuxième workshop, grosse ambiance dans le studio 4 (celui que je ne connaissais pas, géographie du bâtiment décidément assez complexe, avec des portes cachées...). Une petite quarantaine de participants pour la danse africaine, trois percussionnistes, et Elsa sur une chaise, avec des baguettes, qui donne le rythme. Elle nous explique comment elle souhaiterait que l'on travaille au regard du workshop qu'elle propose, glisse des phrases en français puis me demande de venir la voir. Elle me prend une main qu'elle serre contre elle puis se ravit de pouvoir répéter ses consignes en français ! Des chorégraphies collectives, un grand mouvement vers l'avant, beaucoup d'énergie également, très différente de la précédente ! Le parquet qui vibre. Filmer les pieds qui rebondissent. Puis quelques trios de danseurs qui pratiquent depuis un moment, un peu par niveaux. De l'impro, guidée par les variations des percus, et une énergie encore particulière de quelqu'un qui sait qu'il est regardé par une petite cinquantaine de personnes. On applaudit, on crie un peu !

Troisième workshop proposé par des suédoises, de l'improvisation en danse contact. Premier exercice consistant à aller faire des calins à tout le monde, en se concentrant sur le fait que l'autre est une étoffe toute douce, que l'on effleure d'abord avant de franchement serrer. On les regarde avec Gabriele quand une des animatrices (coupe courte saumon fluo, très bonne tête !) vient la prendre dans ses bras, puis me faire un calin aussi. C'était tout doux, très apaisant. Ensuite un travail par duo avec un plus passif et l'autre plus actif, se suivre, s'entendre, se comprendre. Respirer, rire, chanter un peu, donner vie à la relation en création. Assez peu de participants donc pas trop compliqué à filmer, moyen d'avoir des images sympas. Puis des exercices de voix qui commencent par grommeler et un peu vociférer aussi, pour laisser la voix se libérer sur des essais complètement désinhibés de I will always love you (à propos, jeter un oeil au zapping d'hier je crois avec un tawainais assez incroyable !), très rigolo !

J'ai l'impression de n'avoir croisé que des gens qui (me) souriaient aujourd'hui, ça fait drôle !

Pour la suite, demain se tient la Lange Nacht der Opern und Theater, donc 5h d'animations diverses dans les différents studios et Bibi pour boucher les trous, et bien sûr profiter du spectacle... Entre deux, il s'agira de trouver une recette de soupe suédoise à préparer pour la perf de dimanche soir à laquelle seront présents des membres de l'ambassade suédoise (ça rigole pas..), performance présentée par les animatrices du dernier workshop. Et encore entre deux, Constance débarque dimanche matin.

Sinon, dans les bonnes résolutions et après discussion avec Jeanne à ce sujet, la bière c'est fatal : vive le régime mojito !! A suivre...

lundi 29 mars 2010

Mes colocs, des êtres à part...

Armando et Emmanuel, 25 et 33 ans, sont mes deux colocs italiens. Le premier est DJ deux soirs par semaine et serveur un autre soir, le second fait beaucoup de peinture et de dessin et gagne sa vie comme guide.

Armando émerge couramment entre 15 et 16h, passe le plus clair de ses journées en pyjama, à se faire des bouffes plus ou moins italiennes, à écouter du son et de temps en temps à refaire une sieste, parce que la vie est trop dure.. Points positifs : il m'a montré comment faire des pizzas maison (depuis la pâte) et peut m'apprendre quelques autres trucs en cuisine. Il a des invitations dans les boîtes dans lesquelles il mixe, ce qui peut être bien sympa un de ces 4 ! Point négatif : a la fâcheuse habitude de laisser un petit fond de tout, puis d'attendre qu'on fasse les courses pour être content qu'on ait de nouveau du pain, du sucre, du jus de fruits..

Après avoir passé trois jours en pyjama, Armando s'habille - la dernière fois c'était pantalon en cuir bien moulant, chemise noire, bretelles et cravate blanches - pour aller taffer. C'était assez caucasse parce que deux copains sont venus le retrouver, tous en noir mais avec des looks très différents, l'un un peu grunge, l'autre plutôt du genre néonazi qui fait peur. Et depuis la cuisine, avec Morgane, on assistait au défilé..

Transition maquillage : vendredi dernier, Armando me demande si j'ai du maquillage blanc car il aimerait se faire des rayures blanches au dessus des yeux. Je lui réponds que je n'en ai pas, puis demande à Emmanuel s'il en a. Oui, mais Armando n'ose plus lui demander de maquillage depuis la dernière fois où il lui a tout pourri un truc sans trop lui dire et sans en racheter, du coup mes colocs sont un peu brouillés autour de la question make-up... (Au passage, assumer sa féminité, dans cet appart, c'est pas toujours évident ! - il y a notamment de la crème dépilatoire pour homme dans la salle de bain..)

Emmanuel, définitivement sexy avec le fameux contrast cheveux noirs yeux bleus clair, à ajouter une crête assez longue qui retombe sur le côté de son visage, piercing à la lèvre et deux à l'oreille (dont une épingle à nourrice). Tout de noir vêtu, sauf les sous-vêtements (grande conversation à ce propos) et un ou deux t-shirts. A monté sa boîte de guide pour italiens avec une amie, et va régulièrement au camp de Sachsenhausen (LE camp de concentration à côté de Berlin). A vrai dire, j'aimerai bien voir la tête des gens le voyant arriver pour une visite. Il dit lui-même que des fois, les gens le regarde un peu de travers, puis il les convaint qu'il n'y a pas de raison, en se montrant encore plus poli et souriant. C'est rigolo je faisais pareil quand j'avais les cheveux bleus : être particulièrement aimable pour remettre le jugement premier des gens en question.

C'est avec lui que je m'entends le mieux, que je discute un peu. Il fait des pantins en papier qui font un peu peur, leur donne des noms. M'emmène en boîte ou au marché turc. Ramène plutôt des garçons à la maison. A fait du théâtre, intéressé par la danse, fais attention à lui et achète du yahourt allègé.

La vie ici promet d'avoir ses surprises, et j'attends avec impatience de voir à quoi ressemble le Dunkelclub dans lequel je vais ce soir avec Emmanuel..

lundi 22 mars 2010

Un lundi au soleil

Mais commençons par l'histoire de Shuya.
Shuya est une petite chienne qui était abandonnée sur une place à Budapest, dans la neige et toute maigre. Nico et Avrill sont passés par là. Pas moyen de la refiler à une asso sur place, Nico se tape 12h de train pour ramener la chienne, définitivement adoptée. Un peu peureuse au début, quelques difficultés de sociabilisation avec Macha (la chienne du coloc Karl). Mais curieuse comme une petite chienne toute mignonne, batarde sensible.
Et puis Shyua a vraiment un comportement bizarre. Tourne en rond, suit son maître absolument partout - "affectivement dépendante", très jalouse. En fait Shuya est pleine. Depuis un bon moment, et les petits seront là dans une semaine. Une semaine plus tard, toujours rien. Les parents commencent à s'inquiéter, péter les plombs d'une chienne qui n'a plus de place, ni pour son estomac ni pour ses intestins et qui se vide de partout (mmmmh !!) Et elle a finalement trouvé la force de les pondre, ses sept petits. Tout noirs, tout piallants, se grimpant les uns sur les autres pour aller têter. Des chiots quoi, les yeux fermés, qui comprennent pas grand chose. La maman n'aime pas trop qu'on les prenne dans la main, elle est du genre inquiète...
Elle est redevenue maigre, bouffe comme 4, apprend à courir et a l'air de bien aimer ça !
Juste après avoir récupéré la chienne, ils ont croisé une femme qui a sauté sur Shuya en la voyant et en lui parlant en hongrois. Refusant visiblement de dialoguer avec les nouveaux maîtres. Puis repartant comme elle était venue, assez improbable. Peut-être était-elle simplement contente à l'idée de savoir sa chienne entre de bonnes mains...
Bon après cette séquence émotions, quelques blagues de plus ou moins bon goût sur les Allemands :
Pourquoi les Allemands sont sympas, mais bon, quand même...?
Ben parce que "Heil Hitler !"
Pourquoi les gueules de bois sont-elles particulièrement dures à vivre en Allemagne ?
Parce que c'est quand même vachement compliqué de devoir trier les merdes d'une soirée dans 5 poubelles différentes !
Pourquoi les Allemands font-ils la gueule le 11 Novembre et le 8 Mai ?
Parce qu'eux, ils doivent aller bosser...
Avis aux expat' : vous avez pas des blagues dans le genre qui vous viennent sur les gens avec lesquels vous vivez ? Armelle, j'attends les tiennes !
Je finis par expliquer l'objet du lundi au soleil. (oui, je sais, on est déjà jeudi, et alors ?!!)
Rdv avec Judith, la nana que j'avais rencontré il y a un bon mois et qui est administratrice d'une compagnie de danse, dans le genre. Discussion très intéressante, tout en découvrant les vertues du Club Mate (boisson blindée de caféine, un peu goût de sirop d'érable et pétillant), notamment à propos des lieux et des gens.
Ma question : quel est le plus intéressant - travailler pour une salle, organiser des programmations, organiser une saison... Ou suivre un collectif - troupe, compagnie ou groupe de musique - et donner une structure au projet artistique. L'idée, c'est que dans le cadre de la salle de spectacle, la structure est en grande partie déjà là : assurance, personnel, une partie du budget est stabilisée par des aides régulières (ça pourrait paraître logique, même si attente de résultats). Dans le cadre d'un groupe, le projet précède la structure, ce qui est apparemment plus intéressant à construire et à vivre. A partir de l'envie créative, on adapte un cadre, avec des lignes dures et aussi la possibilité d'improviser aussi à chaque fois dans les formes. Un exemple : la perf de Shannon Spiral Pendulum est aussi une installation visuelle avec des écrans diffusant Spiral Pendulum filmé dans différents endroits etc, et ça peut aussi bien se tenir dans une gallerie que dans un café artistique que lors d'un festival de danse.
Je lui ai demandé conseil pour le stage de M2. Ma question : me "spécialiser" sur le territoire allemand - et berlinois - en changeant de domaine et en allant alors plus vers des musiciens (des jazzeux !) ou bien continuer dans la danse contemporaine et me trouver une chouette compagnie ave qui aller bosser en Chine. Elle me conseille vivement le second choix. Elle-même particulièrement emballée par son expérience de la danse et me conseillant réellement d'approfondir. Et puis la Chine, il fau(drai)t.
D'autres pistes qu'elle me suggère, des petits conseils pour toucher du doigt le type de taf que c'est réellement. Et la possibilité de la suivre un peu en mai-juin, quand Shannon sera en résidence à Ahrenshoop (près de la mer de l'autre côté du Danemark). Elle a l'air d'avoir trouvé un équilibre parfait entre tout ce qui touche à la gestion d'un tel collectif et aux projets qui l'animent, tout en ayant la possibilité d'apporter un regard artistique sur ce qui est créé.
Petite assiette de noodles assise dans l'herbe - encore légèrement humide - d'un parc entre Mitte et Kreuzberg, grand soleil qui chauffe le dos. Puis rendez-vous à la Tanzfabrik. Avec des perspectives assez sympas. Ils se son "enfin" décidés à ouvrir un compte Facebook (ouais, j'ai 42 amis !), dont je m'occupe pour l'instant. Recherche de contacts, publication d'évènements pour les workshops du festival (ce qui signifie demain traductions de l'allemand pour en faire des résumés en anglais, oupii !) Et une grosse journée en perspective caméra à la main à passer dans 6 ou 7 workshops avec un photographe à prendre des images pour réaliser un petit trailer pour de la future comm. Ce qui peut également m'apprendre à faire un brin de montage - le genre de chose qui peut être assez utile par la suite.
C'était donc un lundi au soleil tout à fait plaisant !

mercredi 10 mars 2010

Chercher ? Mieux ! Trouver une chambre !

Il fallait attendre que ce soit fait afin d'être dans le bon état d'esprit pour écrire ça. Le bon état d'esprit, c'est que les recherches sont derrière moi et que l'installation est plus que proche - dimanche midi pour être précise.

Revenons donc l'esprit serein sur un mois et demi de galères diverses, um ein Zimmer zu finden.

Le premier soir, après 12h de train, je dépose mes affaires chez Manu avant de repartir à l'autre bout de la ville voir deux appartements, en pleine tempête de neige. Je n'y trouve personne et repart prendre le métro plus que bredouille. Les sensations : bien couverte, je n'ai même pas froid et la neige plus que fraîche craque sous mes pas, dans les rues désertées. J'apprends le lendemain que je me suis faite sucrer les deux en moins de 24h. Première leçon : choper le rythme, très rapide, de la rotation des piaules.

Première vraie visite pas mal du tout, ils me trouvent "great" mais je ne reste pas assez longtemps à leur goût. Dommage. Je passe les "on te tient au courant" sans réponse, le (un des meilleurs) "on pensait vraiment qu'on avait prévenu tout le monde mais la chambre est prise, du coup tu es venu là pour rien mais, sincèrement, on est désolés." Deuxième leçon : il y a en moyenne une quinzaine de personnes qui viennent pour une piaule, donc tu as intérêt à avoir le profil parfait pour la récupérer !

"All this casting stuff is so annoying", que je dis facilement, ou qu'ils disent, des fois. Le truc, c'est que parmi les 15 personnes qui "candidatent" (je ne sais même pas si les guillemets sont utiles ici !), il faut à la fois se démarquer un peu par des petites réflexions décalées/un peu drôles, mais aussi avoir l'air normale, sympa, facile à vivre. Expliquer que l'allemand au quotidien peut ne pas être un problème mais que l'enjeu d'un casting rend son usage bien plus difficile. Est-ce mon enthousiasme légendaire qui m'aura trahi ? Mon manque de coolitude ? Possible... Deuxième leçon bis : si tu n'as pas le profil parfait fuck, rien ne vaut le naturel !

Il y a aussi le plan du vieux tout glauque qui fait un boulot obscur en indépendant dans un appart dans lequel j'aurai eu autant de mal à me laver qu'à faire la cuisine. On boit une bière en parlant musique. La piaule est vraiment énorme, bien meublée, pas chère, mais je ne peux pas vivre dans cet appart, clairement. Troisième leçon : ce n'est pas parce que tu commences à te demander comment t'en sortir qu'il faut accepter n'importe quoi. [Une histoire de Morgane : elle a débarqué dans un appart où il y avait des pancartes "God loves me" et où le type prétendait avoir joué dans Inglorious Basterds, photo de lui en uniforme nazi à l'appui..] Suivant.

Des fois aussi, l'impression d'un super bon feeling, que le courant passe bien et que je pourrai prétendre à avoir la piaule. Et puis jamais de réponse. Encore, quand en sortant tu te dis que tu ne vivrais pas dans tel ou tel appart, tu veux bien qu'il ne te réponde pas (et j'avoue j'étais censée répondre au vieux tout glauque et je ne l'ai pas fait...) mais quand t'as presque l'impression qu'ils pourraient te prendre, ça peut être sympa de recevoir un p'tit mail respectueux expliquant éventuellement la raison du refus. Je sais, j'en demande bien trop !

Trouver une chambre pour un mois, c'est encore à ma portée. Je rencontre seulement Rini, celle qui me prête sa piaule, et trois semaines de colocs avec deux Allemandes pas désagréables mais que je vois assez peu et avec qui on sait qu'on ne construira rien. Chouette déco tout de même, coin assez sympa, et quand même le plaisir de défaire ses valises. Avant de repartir en quête !

Il y a aussi eu la piaule parfaite, coloc à 4 avec deux Allemands et une Espagnole, équipée de manière assez dingue (en plus des chouettes meubles et lave-linge/vaisselle), punching ball, table de ping-pong, babyfoot. J'ai bien fantasmé sur cette piaule, j'avais bien senti la nana, mais on ne comprend pas toujours

Si, par miracle et même pour une raison obscure, le courant passe bien, il y aura toujours le pote du pote pour passer avant, même arrivé au dernier moment. Des fois on est pas vraiment au courant que ça se passe comme ça, mais certains exemples viennent appuyer la légende urbaine autour du fameux - et publiquement redouté - pote du pote.

Je rencontre Katrin, petite blonde assez chou en école de théâtre. On discute un peu et au bout d'un petit quart d'heure, elle me demande si je suis sagittaire. C'est bien la première fois qu'on me demande ça, et en fait c'est vrai. Un peu surprise, je lui réponds oui, et elle de m'expliquer que les sagittaires sont créatifs, qu'ils aiment bien prendre soin des autres et que j'ai l'air comme ça. Elle est aussi sagittaire, le type qui vient prochainement aussi, et visiblement elle a demandé les signes astrologiques des autres compétiteurs. Je pars en lui disant que mon plus gros risque est qu'elle rencontre un sagittaire mieux que moi, elle me répond qu'en plus elle aime bien mon humour... Que demande le peuple... J'apprends le soir d'une journée à attendre sa réponse que le nouveau coloc ramène un pote à lui. Quatrième leçon : aller péter la gueule du pote du pote.

Au passage, plein d'idées différentes nous passent par la tête : se balader avec une pancarte, en mode femme-sandwich ou sur le vélo (tout de suite un peu plus classe..), tenter de devenir la pote du pote en en parlant à plein de gens, laisser des annonces dans les stations de métro, sur le mur Facebook (!!) de notre unique connaissance berlinoise inscrite... Il y a réellement de quoi devenir dingue, en fait, à force ! Cinquième leçon : malgré tout, rester zen !

J'aurai donc fait 15 jours de squat entre deux chez Morgane. Le temps de découvrir un mode de vie bien différent du mien, et qui ne m'amènera pas à une totale remise en question, mais juste à quelques réflexions supplémentaires au quotidien - et notamment sur la bouffe, bien sûr.

La question demeure : comment ai-je finalement réussi à dégoter une piaule ? Et bien je suis arrivée à la Gabelsbergerstrasse, 7. Une nana avec une bonne coiffure punk (asymétrique / trois couleurs différentes) m'a ouvert, elle m'a montré la piaule, son coloc nous a rejoint. Ils n'avaient des visites que sur un dimanche après-midi et voulaient trouver quelqu'un. Les dates correspondaient parfaitement, j'avais amené ma pochette de dessin genre "hé moi aussi j'suis un peu créative !", je leur ai un peu raconté que je pétais les plombs de chercher une chambre, je leur ai parlé du pote du pote. J'ai expliqué au peintre que j'avais aussi besoin de place pour peindre et stocker des planches, des merdes de trottoirs à (re)peindre - il s'est montré compatissant. Je n'ai pas rencontré le DJ qui dormait quand je suis venue, mais apparemment il est cool et fait des pizzas plusieurs fois par semaine. En partant, je ne leur donne que mon numéro de téléphone, parce qu'on envoie pas un mail à l'heureux élu et qu'ils ont vraiment l'air de vouloir me prendre. Ils me rappellent quelques heures plus tard pour me confirmer. Sixième leçon : ne surtout jamais cesser d'y croire !


Ce matin je suis allée faire les courses au Kaufland à côté avec Moritz et Mathieu. Le premier a ouvert ma porte à 9h28, deux minutes avant mon réveil. J'ai eu envie de le pousser dans des étalages de saucisses ou dans un bac de viande en barquette. Je me suis perdue, je les ai perdu, j'ai racheté du jus de maracuja et du Nutella. Ils ont racheté des olives et plein de fromage.

Vivement dimanche, comme dirait l'autre......

jeudi 4 mars 2010

Berlin by bike

Hier soir, alors que je venais innocemment me faire une tartine de Nutella dans la cuisine, je me suis retrouvée à discuter avec Moritz qui m'a parlé de notre société de merde, de consommation, que la viande c'était mal, que la nourriture avait une influence sur notre âme, notre comportement, que de toutes façons tout le monde s'en foutais, personne était responsable et que tout ça c'était que du blabla, que lui il a des principes moraux et qu'il s'y tient... J'avais envie de me pendre à la fin. Il me fallait un petit remontant :

Il faisait un temps magnifique ce matin. Grand soleil et ciel bleu entre les branches de arbres de la cour, par la fenêtre de la chambre de Morgane. J'avais dit à Susana de la Tanzfabrik que je me pointerai entre 11h et midi. Me voilà donc partie pour ma première grande expédition seule en vélo. Morgane habite à Lichtenberg, après Friedrichschain, plein est, un peu loin de tout. J'avais fait une petite moitié du chemin la veille en suivant Manuel et son rythme de mec qui trace et qui connaît la route. Une ou deux hésitations, mais j'ai tout retrouvé, et à partir de la Görtlizer Bahnhof, c'était un peu plus l'aventure. Un coup à gauche, un coup à droite en essayant de me visualiser sur un plan, en regardant les noms des stations de métro que je croise. Je finis par demander mon chemin, et là, comme d'habitude : am links/rechts und dann immer gerade aus ! (à gauche/droite et ensuite toujours tout droit). En général quand je cherche un endroit, je suis à 20 bornes, mais sur la parallèle, il faut croire... Le "immer gerade aus", comprenez-le comme "même si vous pensez que vous allez finir par foncer dans un mur, c'est juste que vous serez arrivé à la Möckernstrasse".

Première étape accomplie sans trop d'encombres. Au passage, on apprécie les pistes cyclables partout, ou les automobilistes globalement très prudents avec les vélos. J'ai dû froncer les sourcils trois fois en deux heures (oui, parce que le périple ne s'arrête forcément pas là !) Les feux tricolores qui passent au orange une fraction de seconde avant le vert, histoire de commencer à appuyer sur la pédale. Pas de côte pour l'instant. Beaucoup d'indications aux carrefours, des quartiers, de trucs que je ne regarde pas trop en général, mais qui sont ici bien utiles ! Me manque une bonne playlist électro peut-être.

Passage rapide à la TF à discuter avec Susana du compte Youtube qui sera en fait sans doute Dailymotion (vous le saviez qu'on pouvait pas mettre de vidéo de plus de 10 minutes sur Youtube alors que sur Dailymotion si ? Et ben pas moi..), et de la suite (notamment de quoi m'occuper quand Shannon sera en France).

Repartie pour passer manger avec Manu à Alexander Platz, là où il y a la Fernsehturm - le truc pratique à repérer de loin, peut-on penser. Que dalle, me voilà sans doute à moins de deux km d'Alex, et pas de trace de cette tour. A propos, pas évident de pédaler le nez en l'air en cherchant la tige rayée rouge et blanche. Alors que je l'aperçois la plupart du temps quand je ne la cherche pas, et quand je ne m'y attends pas vraiment. Très bizarre ce phénomène... Je galère un peu à trouver les rues qui y mènent, puis à prendre cette énorme place dans le bon sens pour retrouver la Rosenstrasse et Manu qui est sur le point de partir chercher à manger.

Troisième partie, back home. Encore un peu de mal à prendre la Alexander Platz dans le bon sens pour voir la direction de Friedrichschain. Note pour plus tard : les itinéraires balisés pour les vélos dans le centre sont pas mal faits, mais il faut bien les suivre ! Je passe à côté d'un long mur tagué où il faudra que je passe prendre une ou deux photos, puis me retrouve sur le chemin emprunté à l'aller, un peu au pif.

Dynamisant (sur le coup, là j'ai juste envie d'une sieste..) mais surtout clairement euphorisant !

mercredi 3 mars 2010

Photos & co

C'est tellement chaleureux le son de l'accordéon. Il y a quelque chose dedans qui donne envie de respirer en bord de mer. De taper du pied.

http://picasaweb.google.com/natacha.leduff/Berlin?authkey=Gv1sRgCM3N1M6ApYn31gE&feat=directlink

Berlin en février. Neigeuse, ensoleillée, certains jours sérieusement hésitante !

lundi 1 mars 2010

Chez Morgane

Je n'ai donc pas eu la chambre des rêves, ce qui me laisse le temps de découvrir une WG (coloc) bien sympa. Je poste en cuisinant (végétarien, puisqu'il y a un coloc dans le lot qui a l'air bien intransigeant). Moritz, que je n'ai pas encore rencontré. Dont la chambre sert de salon en attendant. Salon dans lequel j'ai regardé Bagdad Café, hier soir avec Mathieu, québécois. Il y a aussi Manuel, le copain de Morgane, un Allemand qui semble très sympa et qui aime bien faire des clowneries. Poellée carottes patates oignons, quand Manuel me demande : des pates ou du riz avec ça ? Ben oui, il faut bien se nourrir, tout de même. Comment il va faire plaisir le prochain Burger King !

Les murs sont partiellement peints par les colocs et certains invités. J'y ai fait un M. Chapeau à la Tacha, et vais peut-être lui ajouter une compagne prochainement. C'est irrégulier mais agréablement coloré. Ce sont tous des musiciens : il doit y avoir trois guitares sèches, une électrique, trois ou quatre percus, deux accordéons, une basse.. dans cet appart. Bonne ambiance ma foi.

Le supermarché à côté s'appelle Kaufland, et c'est juste énorme. Il y a des passages secrets entre les rayons mais quand tu te retrouves au milieu des caisses de bières, il n'est plus très facile de retrouver son nord, son sud, les caisses, la sortie. J'y suis passée juste pour prendre de quoi faire du planteur - à chaque fois c'est la grande découverte des jus qu'ils proposent. Ici, du maracuja à moins d'un euro le litre, et du mix ananas/coco, parfait pour les pinacoladas ! Je pense que Régis et Ju auraient fait un malheur dans un tel supermarché pour des courses de rentrée...

Dans les nouvelles fraîches j'ai acquis un bien chouette vélo au Flohmarkt de la Boxhagener Platz. Il est blanc, jaune et violet, avec l'antivol bleu. Je l'aime déjà bien ! Le vent était très fort aujourd'hui donc je n'ai pas pu me montrer trop téméraire, mais je pense le prendre pour aller à la Tanzfabrik demain.

Moritz est rentré, il a du gros son dans sa chambre et il met de la bonne musique à fond, ça fait plaisir !

jeudi 25 février 2010

Ca sent le printemps !

La neige sur les trottoirs a fondu, leur redonnant leur apparence bétonnemment naturelle. Le deuxième pull était presque de trop aujourd'hui. Il pleut de la neige au soleil, depuis les quais du métro, sous les ponts de la Yorkstrasse. Le soleil donne dans le bureau de la Tanzfabrik. Chauffe la nuque.

"Toujours avoir son appareil photo sur soi à l'étranger, règle de base." Comme si la beauté d'une image à capturer ne pouvait nous toucher qu'en tant qu'expat. Non, mais on ne porte forcément pas le même regard sur ce qui nous entoure, un peu naïvement, et c'est délicieux.

Fin du premier mois. Toujours des surprises au quotidien. Pas trop de routine. Déménagement demain chez Morgane, en attendant des nouvelles de THE fat piaule, celle qu'il me faut !

Semaine un peu trop cool niveau stage, notamment dû à Shannon partiellement à Stuttgart. J'ai enfin commencé à faire du tri dans les archives de la Tanzfabrik (en vrac des courriers, CD/DVD/quelqus VHS, plaquettes, beaucoup de petits mots commençant par "Lieber Ludger"). Visionné quelques trucs. Je pense que j'en emprunterai quelques uns. Des choses jolies, d'autres forcément plus étranges mais dans l'ensemble vraiment intéressantes - à mon sens, que je sens doucement dévier.

Je commence à prendre des rendez-vous lyonnais et grenoblois pour le passage de Shannon dans la région en mars. Avis aux Grenoblois : la semaine du 22 au 26 Mars, tous les jours de 10h à midi, cours de craniosacral au Pacifique (CDC), 8€50 le cours. Ca ne demande aucune compétence technique - si ce n'est en anglais avec du vocabulaire de merde - et c'est vraiment quelque chose à tester.

Mes colocs ont commencé à repeindre le parquet pourri du couloir en rouge, hier soir. C'est d'ailleurs grâce à ça que j'ai appris le prénom de la demoiselle avec qui je vis depuis 3 semaines. Kirsten, et non Katarina comme je le pensais.. (elles m'avaient laissé un mot sur la porte de l'entrée me disant de faire attention en rentrant, signé de leur deux prénoms !)

Vivement demain, et la suite..

lundi 22 février 2010

Specimen

A zieuter du coin de l'oeil pendant cinq ou six stations.

J'ai d'abord cru que c'était un mannequin en plastique. Un bon mètre 80, combi de ski blanche immaculée avec quelques bandes noires et bleu marine. Lunettes de soleil assez imposantes (il faisait nuit), cheveux décolorés avec un bon carré, des mèches de carton-gel sculptées autour du visage avec un effet "y'a beaucoup de vent derrière moi", deux retombant très graphiquement sur un verre des lunettes, le reste en queue de cheval. Un personnage de manga peut-être, bien futuriste - petit nez pointu, menton légèrement fuyant, peau très poudrée. Docs noires avec un peu de bombe et des lacets bleus. Casque sur les oreilles. La musique le fait bouger de manière presque robotique. Ca pourrait être de la trans. Ca pourrait être un trans. Il fait des gestes un peu bizarres.

Trois personnes arrivent pleines de bagages à côté de moi. Des Français. J'enlève mon propre casque et commente. Vous verrez beaucoup de gens au style incroyable à Berlin, mais celui-ci est juste hors catégories...

dimanche 21 février 2010

En vrac

Le spectacle au Chamaleon : c'était très plaisant. Huit sur scène, trois danseuses, quatre danseurs et une chanteuse. Six baignoires. Répertoire musical plus ou moins connu, dont Nude (Radiohead), Over my shoulders (chanson cachée du premier album de Mika) et The power of the gospel précédemment cité. Ce n'était pas complètemet un solo, puisque dans cette intro, à un moment arrive une deuxième guitare, et qu'un deuxième danseur est venu accompagner le premier. Des passages joliment chorégraphiés où viennent s'intercaler des numéros qu'on pourrait voir dans un cirque ou dans un cabaret, avec du grimpage sur ruban, un peu de trapèze. Deux mojitos et la rencontre d'Elisabetha et Judith. La dernière a 30 ans, elle a fait un master à peu près similaire au (au moins dans l'intitulé) mien et s'apprête à se consacrer entièrement à une compagnie de danse qui la botte, après s'être balladé entre pas mal de projets et de lieux. Oui, c'est un peu comme ça que j'envisage les prochaines années. Je pense qu'elle peut pas mal m'apprendre sur la manière d'administrer une compagnie de danse, ce qui me manque pour l'instant plus que cruellement. J'espère pouvoir la choper la semaine prochaine (et il se peut qu'elle m'ait payé mes mojitos car le barman nous avait légèrement oubliées et que je voulais rentrer)

Petite remise en question jeudi, à me demander par où prendre le truc. Mais comme dire que l'on sait pas faire, c'est trop facile, il faut faire, se planter, se faire corriger, recommencer et ainsi de suite. Merci Armelle. Je me colle donc à chercher des adresses de lieux à Lyon et à Grenoble , pour leur envoyer lundi un petit mail de présentation de Shannon, lien vers son site. Elle vient faire une semaine de cours dans chaque ville, et l'idée c'est de lui caler des rendez-vous avec différentes personnes pour peut-être se produire ou donner d'autres cours. Il faut aussi que je pense à un support en français, qui peut commencer par un texte pour elle avec traductions entre parenthèses, un truc pratique dont je rêverais en allemand, pour qu'elle puisse parler d'elle, simplement (elle se débrouille déjà un peu en français).

Dans ce qu'elle me demande, il est aussi question d'un budget sur un an. Aha, Bernadette, je pense à toi, mais faire des additions et concevoir un budget, c'est pas exactement pareil... (Au passage, je me rappelle de la dernière fois que j'ai utilisé Excel, en 4ème..) J'ai aussi repéré un festival en Roumanie dont les deadlines de dossier tombent très vite, et sur lequel j'ai commencé à taffer. Shannon m'en a reparlé, a je pense apprécié que je lui propose quelque chose et m'a indiqué comment reformuler certaines choses. Oui, c'est comme ça que ça risque d'avancer.

Jeudi soir je retrouve Karl, le coloc de Nico et Avrill avec qui on boit quelques coups avant de partir à une soirée. Il m'explique sa théorie du bordel : "quand quelqu'un arrive chez moi, il se sent bien, il n'a pas peur de s'asseoir, de foutre un peu son bordel et c'est cool. Dans les endroits trop rangés j'ose à peine m'asseoir.." On arrive ensuite dans un fat appart à Neukölln, dont j'ai surtout vu le fat salon avec pas moins de 4 canapés, un bar au milieu, pas mal de gens. Et une jeune fille magnifique à côté de laquelle je me retrouve assise, à qui je finis par glisser "you know I'm not into girls but you are just amazingly beautiful !" - elle me remercie.

"Incongru", le mot qui qualifierait Berlin selon Morgane et Anne-So. Pas mal trouvé ! Incongru, l'électro dans un Kneipe (Hausprojekt - projet d'habitation avec organisation de petits évènements du genre) qui passe la Macarena. On va donc au DiskoTrash. Tellement trash que ça vient des années 90, que Scatman (didadubdadubdub) les Allemands ont pas l'air de connaître. Corona et le Rythm de la night. Ein Zwei Polizei.. Rigolo, petite salle où les gens dansent, salle avec bar et canap et entrée avec d'autres canap. Oui, il y a toujours plein de canap à Berlin, je pense que c'est une des marques de fabrique des bars, des apparts... Parce que c'est trop dommage qu'ils trainent dans la rue, alors on les rentre pour s'y poser !

Hier je suis allée marcher sur un lac gelé avec des gens qui pêchaient dessus, grand soleil qui chauffe.

Le soir dans la baraque de Willem, jazz un peu bossa, chanté et parfois carrément chanson. Un concert où j'étais debout car arrivée tard, mais qui aurait mérité d'être un peu dansé, un peu déhanché, un peu rythmé du pied, de la jambe. Qui finit assez tôt, puis boire des coups en bas, manger de la Käsesuppe (soupe au fromage - bio, juste trooooop bonne). Rester avec la poignée de porte des chiottes dans la main et sortir par la fenêtre (petite fenêtre en hauteur, heureusement qu'il y avait un escabeau dans les toilettes !), avec en réception une nana qui finit par me parler en français puisque de fait, elle est française. Bon en fait j'aurai pu taper très fort à la porte et on pouvait m'ouvrir de l'extérieur, mais c'était quand même super drôle de passer par la fenêtre, c'est vrai ! Beaucoup de francophones d'ailleurs hier soir. Et un CD complet d'Aznavour chantant en allemand, avant que le guitariste du groupe aille balancer Abbey Road (c'était d'ailleurs assez marrant parce que grand, très mince, coupe de cheveux d'un autre temps et un vrai-faux air british) et se mette à triper sur I want you. Ma dernière conversation dans cet endroit parle de la coupure nette et légèrement abrupte de cette chanson. On part avec Anne, à pied, longtemps. Elle chope le S-Bahn alors que je suis à deux stations de chez moi. Je finis à pied, en suivant à vue de nez la voie de métro. J'arrive à 100m de chez moi sans m'y attendre réellement, agréablement surprise.

Cet aprem peut-être session peinture sur les murs de l'appart de Morgane, ce qui me ferait bien plaisir dans la mesure où je n'ai pas encore fait de peinture depuis l'arrivée et qu'il y a difficilement plus kiffant que peindre sur un mur !

mercredi 17 février 2010

Travaux pratiques

Lors de mon passage à la TF (Tanzfabrik, j'en ai marre de l'écrire et quand je veux le dire aux Allemands ils comprennent pas et me reprennent en faisant "Ach !! TAAnzfAbriik !!" Ja...) hier, ils m'ont donné une grosse quantité des programmes du festival, du prochain mois, des posters et des infos sur des ateliers pros. Tout ça à aller accrocher aux quatre coins de Berlin. Une feuille pleine d'adresses. Première étape, Googlemaps, repérer les stations de métro correspondantes, construire un semblant d'itinéraire. Première adresse, j'ai dû me planter de code postal et il n'y a rien. Bien. Deuxième adresse j'arrive dans un endroit qui ne m'évoque rien qui ressemble à de la danse, à de l'art... Troisième adresse, je commence à demander aux gens s'ils connaissent la rue (n'étant alors pas munie d'un plan de Berlin), personne ne connaît. Je remonte dans le métro, déjà à la bourre pour une visite d'appart.

Reprise des activités aujourd'hui, au soleil. Des coins que je connais mieux, certains lieux où je suis déjà allée, d'autres qui ont l'air chouettes à découvrir. Il faut que je me fasse une mini liste de mots bêtes en allemand type "affiche", "coller/accrocher"... En mode ballade/photos, prenant mon temps et éventuellement flânant devant une ou deux vitrines curieuses. Je fais 4-5 adresses avant de retrouver Shannon au Khamaleon, une grande salle avec 60 tables, 5 chaises autour de chaque, des rideaux de scène kitsch, bleu pailleté. Sur les côtés, de larges fenêtres sont couvertes de lours rideaux de velours prune, donnant une teneur vraiment chalereuse au lieu, en plus de tout ce bois, du parquet aux poutres en passant par le mobilier. La lumière orangée fatigue un peu les yeux. Elle y retrouvait une troupe pour qui elle a un peu chorégraphié un truc plus ou moins monté depuis un an, que j'ai eu le plaisir de voir en entier ce soir. Cet aprem, c'était notamment répétition d'un solo autour d'une baignoire sur l'intro de The power of the gospel. Mais pourquoi les danseurs sculpturaux (oui, c'est un peu redondant) sont-ils "tous" homos ??

Je quitte le Khamaleon vers 18h pour passer au Tacheles où je devais aussi déposer des affiches et autres. J'en profite pour me faire un petit ping pong avec celui qui doit bien mériter le titre de dealer officiel du Tacheles. Mais comme la punkette du Köpi était trop bonne au baby, lui a un putain de jeu. Très artistique, visant les coins de table à la dérobée, pas du genre commun et facile à contrer. S'excuse quand une balle ripe sur le fillet. Ne parle pas deux mots d'anglais.

Description du spectacle demain, la fatigue me gagne, ce plumard est trop bien et il m'arrive de peiner à en sortir, le matin, vers 9-10h....

lundi 15 février 2010

Folles soirées berlinoises !

Un week-end assez rigolo ma foi.

D'abord vendredi. Meeting at 10 à la Tanzfabrik pour aider de finir de remplir des enveloppes à envoyer à des VIP - programme du festival, lettre de Ludger (le "boss" de la Tanzfabrik) et programmes pour le mois de Mars. Pas passionnant en soi mais la dame avec qui je fais ça est vraiment sympa, on discute un peu c'est cool... Après-midi avec Shannon, quatre heures à discuter de pas mal de choses, à comprendre comment fonctionne son agenda, toujours voir ce que je peux faire pour elle pour les deadlines les plus proches comme pour organiser ses prochains mois : elle aimerait trouver d'autres lieux pour enseigner le craniosacral, des galleries pour son Spiral Pendulum, pourquoi pas d'autres festivals, lieux où possiblement se produire... Elle m'a expliqué que, l'an dernier, elle était arrivée à cette époque en ne sachant pas du tout ce qu'elle ferait à partir de septembre et qu'elle ne voulait surtout pas revivre la même chose.

Et puis j'avais envie d'un concert chouette pour danser. J'entends parler par ma coloc d'une soirée ska/reggae russe à Kreuzberg. Cherchant des gens pour m'accompagner, je me retrouve invitée à manger des pizzas - maison ! très bonnes !! - chez des collègues français, ramenant le planteur pas fini de l'apéro at home de la veille. Début de soirée avec Nico, Avrill et Karl, leur coloc adorable. Les deux premiers sont plutôt chauds du Köpi 137, squat punk à Kreuzberg également, où un concert se tient ce vendredi. La seule fois où j'ai voulu aller au Köpi, c'était avec Armelle, en pleine journée, et rien ne s'y tenait : nous sommes restées dans la cour, sans pouvoir entrer dans le bâtiment, une ou deux personnes nous regardant avec un air méfiant par les fenêtres des étages. C'était donc la première fois que je rentrais dans le Köpi. A savoir : salle de concert / bar, scène sympa, arrière salle avec un autre bar, quelques tables et un babyfoot.

Concert punk, of course, mais bonne musique, enfin vraiment pas dégueu. Des crètes bleues un peu délavé, j'en ai vu une ou deux. Le chanteur avait ptètre bien ses 50 berges, genre un peu vieux punk. Bassiste crêté, sangle de basse zébrée, marcel noir sur bras tout secs. Batteur avec chemise d'abord largement ouverte puis plus. De chemise. Oui, le punk, ça fait transpirer. On danse un peu, ça pogote juste devant la scène.

Puis on est allé squatter l'autre salle, plus propice à la discussion, à retrouver un autre Français et deux de ses colocs, et les gens de passage avec qui discuter, et les 50cl de bière à 1€70... 2h du mat', je me fais abandonner par mes collègues. Et reste jusqu'à 5h. A essayer de comprendre l'allemand, me (nous) faire rétamer par une punkette un peu vulgaire (à partir de 6 trous sur la gueule hors oreilles, je considère ça vulgaire, oui !) mais trèèèès bonne au baby (le genre qui, quand elle a la balle en attaque, marque systématiquement). Finir par aller prendre le métro, pas très fraîche, terrible envie de pisser. Monter dans le ring (cette ligne de métro qui fait le tour de la ville et qu'on appelle Yamanote à Tokyo ou assez originalement Circle line à Londres) qui doit m'amener chez moi. Demi-sommeil, juste pour entendre les stations défiler mais je ne suis pas loin. Plus qu'à une station. Mais pourquoi le métro ne redémarre pas ? De toutes façons j'ai trop envie de pisser pour bouger, on est bien d'accord, donc je vais attendre et IL VA BIEN FINIR PAR REDEMARRER !! ... Jusqu'à ce que le conducteur du métro vienne me stipuler de dégager (et un peu me réveiller, ok !) parce que c'était le terminus pour cette fois-ci (sans doute lié à l'horaire..) Me voilà donc sur le quai à moitié endormie à devoir attendre le prochain métro pour retrouver mon pieu. Mais d'abord, expédition au bout du quai. Pisser dans la neige au tout petit matin, des gars s'occupant des voies pas si loin mais peu à battre... Back home, couchée 6h30, pfiouuuu...

Fucked-up visite samedi aprem. Back home, puis aller retrouver Sophie qui était avec une copine à elle. Très gentille aussi, ptit bout de soirée de nanas à discuter, boire un coup de Martini (le faux Martini du Penny à côté de chez moi est vachement moins bon que celui de Monop, j'admets). Puis Craig - le coloc - qui rentre et eux deux commencent à se préparer pour la soirée. Et là je commence à me demander ce qu'il se passe. Lui a un ensemble noir, collant avec de larges trous sur l'avant des cuisses, moule bite et bretelles largement décoltées sur torse musclé (l'inverse aurait été d'un goût encore pire !) Froufrous en plastic noir sur les épaules, Ray-ban mode aviateur sur le nez. Et Sophie qui déplore de ne rien avoir qui puisse aller avec l'accoutrement de Craig et qui, un temps, dit qu'elle ne viendra pas. Puis Craig lui trouve une sorte de bustier avec des lanières en plastique, en dessous duquel elle ajoute un mini-short (plus proche du boxer, soyons honnêtes) à paillettes gris, porte-jaretelles et bas. En effet, ils sont un peu censés vendre leur cul.

Nous partons donc tous les trois en taxi (qui devait être compris dans leur "cachet") avec deux gros sacs de pommes qu'ils sont censés mettre en bouillie en marchant dessus, dans le cadre de la performance qu'ils proposent à cet endroit. Cet endroit où nous finissons par arriver, nous ajoutant sur la guestlist pour entrer et cherchant à l'intérieur un responsable, eux deux sapés quand même supra bizarrement, et moi les suivant docilement avec un sac de pommes. Jusqu'à ce que je les abandonne dans un endroit en les laissant gérer leur steak, me prenne une bière à aller boire, posée sur un caisson de basse qui faisait rebondir mes pieds et mes fesses à coup d'énormes vibrations. Observer la faune. En arrivant, je me dis rapidement "mmmm, plein de garçons !". Mais en fait y'avait que des garçons... Et moi et ma fucking new lesbian haircut. Alors je sais pas si vous avez déjà essayé de draguer en boite gay en ressemblant à une homo, mais franchement je me suis avouée vaincue d'avance !! Assez rapidement, Craig et Sophie en ont eu leur claque, ça se passait pas comme prévu, ils étaient arrivé trop en retard ou ce qu'ils devaient faire ne se passait plus. Nous voilà donc rapidement repartis, et eux qui veulent aller dans un autre club qui a l'air d'un vrai baisodrome d'après leur description. D'un coup, je me sens un peu fatiguée... Je vais reprendre le métro à Postdamer Platz (un des espaces laissés vacants par la chute du Mur et où trône aujourd'hui le très fashionable Sony Center).

Là, je tombe sur un jeune étudiant qui passe ses vendredis et samedis nuits dans le métro, à faire des enquêtes. Je lui réponds (il parle même un peu français !) et un type vient nous parler, genre une cinquantaine, chapeau de cowboy rose trop petit, pantalon à franges saumon. Il répond aux questions de l'enquête puis me demande d'où je viens. Lui vient de l'Orne (sans doute dans le top5 des départements les plus plouqueux de notre chère patrie) et parle Français avec un putain d'accent anglo-allemand. Il me laisse sa carte et tient un magasin (??) sans doute pas loin de là où je vis. Entre deux, il précise que sa tenue est due au carnaval... Robert - le petit enquêteur - me fait une french bise avant que je ne descende à Schönhauser Allee, pour reprendre le ring, Prenzlauer Allee, 39 Stargarder Strasse. So sweet home !

Hier, Flohmarkt (vide-grenier/placards/..) dans un bâtiment très central où ma coloc vendait quelques fringues. Nico et Avrill m'y rejoignent. L'endroit n'est pas immense et on en a vite fait le tour, mais au passage : des t-shirts Ziggy Stardust mais vraiment coupe mec et pas envie d'un t-shirt Ziggy à porter comme pyjama, un chinois avec un ensemble tout collant noir / cagoule (oui, vaguement sm - en fait il m'a fait penser au mec dans Pulp Fiction, celui qui est attaché dans le sous sol de chez Zed - Zed's dead baby, Zed's dead...), attaché à des barreaux par des ceintures, et c'est 1 centime pour mettre ou enlever une ceinture, 50 cts pour en acheter une. Trois fripes achetées, une offerte par une nana qui tenait vraiment à se débarrasser de son énorme châle en laine gris-clair : "Imagine, il est tard le soir.. Ou non, il est 6h, tu rentres chez toi, tu attends ton copain - j'ai pas de copain - ta copine - non plus, peut-être un chat.. - et tu vois tu poses le châle sur tes épaules en le laissant un peu glisser pour que ta jambe apparaisse entre deux, c'est à la fois confortable et très sexy." - "Je suis désolée, c'est vrai qu'il est joli mais je ne suis pas du tout sûre que ce soit mon genre, je ne saurai même pas comment le porter". 10 minutes plus tard, on repasse avec Avrill : "You don't have to buy it anyway, it's a present !!" Et me voilà donc avec ce châle qui me couvre les épaules et qui pourrait me servir d'écharpe si j'acceptais de ne plus bien voir devant moi.

Soirée posés chez Nico et Avrill, à boire du vin rouge en mangeant de délicieuses bolos. Réveil tardif aujourd'hui, boulot pour Shannon et à partir de demain ça repart sérieux : rendez-vous avec la dernière sur Skype le matin, Tanzfabrik et - enfin sûrement - bosser sur les archives l'aprem. Autre bon point : mercredi soir je rencontre une certaine Judith (j'adore ce prénom c'est dingue, même en anglais il sonne trop bien !) qui je pense fait le boulot que j'aimerais faire plus tard, et qui pourra peut-être m'encadrer à certains moments du stage, notamment quand Shannon sera à l'étranger ou en résidence.



"Too much is never enough !" - Sophie.

jeudi 11 février 2010

Craniosacral, deuxième épisode

Shannon enseigne le mercredi soir à la Tanzfabrik une méthode appelée le craniosacral, qui paraît un peu étrange comme ça mais qui je pense correspond à un truc très précis. Ca fait deux fois que j'y vais, et je crois que je commence à choper le truc.

L'idée, c'est de se concentrer sur un point en lequel se doivent joindre les deux majeurs, à l'arrière du crâne, juste en dessous de la petite pointe à l'extrêmité de celui-ci (la zone sensible, à l'inverse de l'avant du cerveau plus consacré au raisonnement, à la pensée). Il faut ensuite se concentrer sur les sensations et repérer une vague correspondant aux flux électriques / messages nerveux qui traversent la colonne vertébrale. Allongés, les yeux fermés - et lourds, se concentrer sur le filling / emptiing (remplissage / vidage) de cette vague. Les mains à l'arrière du crâne d'abord pour "activer" ce point de contact (en se concentrant sur le relâchement), puis sur la cage toraxique (the ribcage), en se concentrant sur sa respiration et en étant à l'affût de toutes ses sensations. Pas trop le genre de truc auquel je suis habituée, m'écouter.

Ca dure une bonne heure.

Puis vient le moment d'instaurer un mouvement qui part des yeux, de la tête ; s'ajoutent ensuite un bras, un genou de côté. En continuant de se concentrer sur les perceptions strictement sensorielles et sur cette vague, en bougeant à partir de ce qu'elle nous indique. Un fond de musique, pas suffisant à mon goût, mais la technique est bien trop particulière pour considérer que ce qui en résulte soit de la danse comme je l'entends (j'aime danser sur de la musique, de la vraie, avec des basses et de la guitare électrique !)

Oui ça a l'air étrange présenté comme ça, et non je ne pense vraiment pas que Shannon appartienne à une secte. Cette technique semble avoir des fondements scientifiques pas absurdes (même si je m'y connais assez peu en flux électrico-vertébraux) et certains ont l'air de vraiment kiffer, alors pourquoi pas.

Mais pensez-y une seconde, à ce point à l'arrière du crâne : celui que vous allez toucher en vous mettant les mains derrière la tête sur votre canap' ou fauteuil de bureau, ce haut de nuque qu'il est tellement agréable de se faire masser... celui que vous allez toucher dans une situation embarrassante - "je savais pas comment te le dire, mais voilà j'ai recouvert ta cuisine de purée de pois chiche en voulant faire du houmous" - en vous passant la main dans la nuque (d'accord ça peut être pour se donner une contenance, mais pourquoi cet endroit ?)

Assez intrigant pour avoir un ptit goût de r'vienzy !

mercredi 10 février 2010

Les petits cailloux sur les trottoirs

Il neige à Berlin comme il pleut en Normandie, avec ce fameux "tiens, il repleut/neige". Mais, fort heureusement, la vie ne s'arrête pas pour autant.

Petit descriptif des routes et trottoirs : la plupart du temps, les routes sont très praticables à part quand il se met à neiger le soir et qu'il faut alors attendre le lendemain, où ça sera juste gadouilleux. Il n'en est pas toujours de même des trottoirs qui, à force de neige tassée, gelée, dégelée / regelée par les variations de températures qui parfois permettent un certain dégel, sont parfois véritablement casse-gueule. Heureusement pour nous, Winterdienst est là !

Il vient de se passer un truc de ouf à ma fenêtre. Deux hommes à l'air plutôt respectable sortent d'une voiture (avec marqué Winterdienst dessus), ouvrent le coffre rempli de petits graviers dont ils se mettent à remplir un seau à coups de pelle. Puis, l'air décidé, ils se mettent en travers du trottoir et projettent ces petits cailloux à grands lancers de pelle (imaginez le mouvement, proche du lancer de boule de bowling, avec la jambe derrière pour équilibrer). Ensuite c'est formidable, ces petits cailloux viennent s'inscruster dans le verglas de manière à le rendre (presque) antidéparant. Phénomène pervers cependant : au bout de quelques jours, les graviers sont complètement "enverglacés" et deviennent inutiles, voire donnant une fausse impression de possible stabilité. Alors les pieds parfois s'égarent, seul un violent coup de rein ou d'épaule permettant de rétablir la situation corporelle.

Enfin voilà, depuis que je suis arrivée j'observe ces petits graviers, je me demande d'où ils viennent, quel genre de machine peut les semer de cette manière, et je viens d'avoir la réponse : ce ne sont que des joueurs de bowling en parka et bonnet de laine.

mardi 9 février 2010

Premières photos : deux du premier concert jazz au B-Flat, l'autre des vélos garés dans la cour du bâtiment de la Tanzfabrik.






Désolée pour la mise en page plus que bancale mais mon PC ainsi que ma connection ont un peu de mal....

Une presque vraie journée de stage !

Ok, deux rendez-vous d'une heure chacun, mais c'est un bon début, non ?

D'abord à la Tanzfabrik avec Susana et Shannon, où elles ont pas mal parlé des détails pratiques du festival (Tanz Hoch Zwei, ce dont je parle dans le précédent post, du 22 Mars au 7 Mai) sur lequel Shannon va se produire. Intéressant de voir les questions qui se posent, comment le lieu s'organise entre les différents studios, les créneaux de répétition, d'organisation technique (dont lumière, en général plus que son) Note : en fait il y a encore deux studios que je n'ai jamais vu, qui doivent se trouver au premier étage (la Tanzfabrik étant au deuxième étage d'un bâtiment qui abrite également le Centre Astrologique de Berlin !!). Il faudra que je fasse un plan des lieux la prochaine fois...

Pendant ce festival, il y aura un certain nombre de performances à aller découvrir, et des workshops sont proposés. Au milieu, une "lange Nacht der Opern & Theater", genre portes ouvertes viendez voir de la danse contemporaine c'est cool !! J'suis en train de me faire un programme. Parce qu'être là, c'est quand même beaucoup profiter de tout ce qui s'y peut faire. D'ailleurs c'est assez frustrant d'imaginer tout ce qui est en train de se passer de chouette en même temps et que je loupe parce que j'écris mon blog (aha) ou simplement par manque d'organisation (oui, c'est le début).

Donc ensuite avec Shannon, au café à deux rues de la Tanzfabrik. Elle m'a donné une bonne quantité de sites à aller regarder, de vidéos de gens, de tout un environnement culturel à découvrir et je pense qu'en effet, commencer par là n'est pas forcément le chose la plus idiote à faire, et que je serai sans doute un peu plus efficace après. Elle s'est inquiétée du fait que ce que j'allais apprendre là me serait d'une aide limitée pour du management culturel en France, chaque pays ayant ses traditions, notamment dans la présentation d'un dossier de subvention ou pour un simple descriptif du travail fourni. Je l'ai rassurée en lui disant que mes priorités professionnelles n'étaient pas nécessairement en France et que barouder quelques années entre différents projets d'horizons divers me permettrait d'acquérir l'expérience ainsi que les points de comparaison nécessaires à la construction d'une carrière intéressante. Non ?

Je la retrouve demain pour une séance avec la nana qui a travaillé avec elle sur Gulliver Dreaming (toujours sur shannon.cooney.org, enfin ça se trouve facilement), sur une place à filmer une performance je pense. Je pense que ça peut être intéressant de voir comment se passe ce genre de moment, comme les gens autour réagissent, comment les deux artistes communiquent et interagissent pour un produit commun. On enchaîne ensuite ensemble à son cours de craniosacral, deuxième édition, qui méritera alors un post plus approfondi...


"Life is going on, as normally as ever but suddenly something seems to have happened !"

lundi 8 février 2010

Petits plaisirs du métro berlinois

D'abord, acheter un tiquet 7 jours ou un mois, selon la durée estimée du séjour. Ensuite, le composter, le ranger bien au fond du portefeuille et ne jamais avoir à le valider avant d'arriver à une station : il n'y a pas de barrières à passer (qui se referment éventuellement), seulement pas mal de contrôleurs, habillés en civils et qui à un moment, entre deux stations font "dreschfroischroeichsoirhcso Fahrkarte bitte ihvschlakrenv" donc là il faut aller chercher le dit "tiquet". Mais le côté pas de barrières, j'aime bien.

Ensuite, l'attente du métro. 4 minutes max en journée, 12 en soirée. Il n'y a pas d'accoudoirs sur de nombreux bancs, laissant le sommeil de quelques clochards sans encombres. Le soir - plutôt le soir quand même, au bout des quais, quand la sortie n'est pas trop loin, certains grillent leur clope.

L'engin finit par arriver, arborant presque prolétairement de vieilles couleurs criardes orange ou jaune, comme resté à la mode des années 80 ou quelque chose du genre. Rarement bondé, on y trouve toute sorte de faune qui prête à observer, à sourire, à se gratter la tête avec un air perplexe. Qui parfois boivent une bière, ce qui ne choque pas grand monde (après 11h du matin..). Une petite Beck's Gold en écoutant du bon son, avant d'aller faire un billard ?

Autre remarque : il y a des rames entières, genre des dizaines de mètres de métro sans une porte, sans rien sinon quelques sièges pour obstruer la circulation. Comme à Tokyo ou à NY, les sièges sont le plus souvent alignés sur les côtés (dans les U-Bahn, les S-Bahn correspondant aux RER), ce qui est quand même plus pratique/convivial/intelligent que dans le métro parisien.

Enfin, détail qui tue : le vendredi et le samedi, c'est toute la nuit, tous les transports en commun, avec max un quart d'heure d'attente (j'ai vaguement l'impression de faire de la pub pour les transports berlinois). Et ça, en sortant de boîte à 4h du mat', ou d'un concert à 1h30, ou d'une soirée nulle pour aller à une soirée mieux vers le milieu de la nuit, ou pour ne pas rentrer ivre-mort en vélo sur le verglas, et ben c'est super pratique !

Tout ça pour dire que dès que Berlin redevient cyclablement praticable, je chope un vélo parce que la carte de transports est bien le seul truc un peu cher dans cette ville !

Et les choses sérieuses, dans tout ça ?

Elles commencent doucement.

La semaine dernière, j'ai commencé par rencontrer Shannon le lundi, pour un thé chez elle, quelques visionnages, un historique de la danse moderne en 5 minutes avec mouvements à l'appui, au milieu de la cuisine. Elle m'a parlé des différents projets qu'elle avait sur le feu, avec plein de noms de gens et d'institutions dont j'ignorais tout. Sa principale préoccupation en ce moment est un dossier de subvention à adresser au Conseil Canadien pour les Arts, se composant de CV, descriptif du projet, support vidéo... Ce projet est en partenariat avec une flutiste qui travaille notamment à partir de samples bizarres. Elles ont déjà fait un truc ensemble (Wax and Wane, partiellement disponible sur le site de Shannon) et du coup elles ont ce truc sur le feu. Ce qui signifie deux mois de résidence à Ahrenshoop près de la mer (celle entre l'Allemagne, le Danemark et la Suède). Et entre deux, un certain nombres de déplacements. La question est donc : que vais-je faire pendant tout ce temps ?

[ En attendant ce qui est vraiment top c'est que pour une fois je vais pouvoir poser des questions à celui qui produit un truc chelou, abstrait, incompréhensible : je vais pouvoir décortiquer un peu du processus créatif et saisir quelques clés de compréhension qui, même si loin d'être universelles - chaque artiste a son propre langage, peuvent ensuite élargir le spectre des réflexions que l'on peut avoir en face de ce genre de spectacle. L'intention de l'auteur est aussi intéressante : Shannon souhaite que son travail parle, mais pas nécessairement de la manière dont ELLE l'entend. "I hope that people will viscerally connect to my work." Et en effet, c'est assez expressif, ça parle, même si on ne sait pas forcément bien de quoi ni pour quoi. ]

Déjà, je vais passer du temps à la Tanzfabrik, l'association qui a bien voulu me prendre en charge. Existant depuis 30 ans, cet endroit est composé de trois salles de danse (dont une de représentation - une en parquet, deux mois classes mais praticables en chaussures !), quelques bureaux éparpillés et un vestiaire / salle d'attente avant show. Pour l'instant, je suis allé là-bas pour discuter du lieu, de ce que je pouvais y faire et j'y suis retournée vendredi pour aider à installer une salle, avant les performances qui avaient lieu ce week-end. J'y vais demain pour un rendez-vous avec Shannon, Susana (qui me fait un peu peur avec ses airs d'artiste dépressivo-très-frustrée), peut-être Ludger (le boss, 50 ans, grand fin et yeux bleux comme un Allemand - ou un méchant dans un film des 70's, mais celui là a l'air plutôt gentil - a un hamac accroché derrière son bureau). L'après-midi je reste là bas pour faire de l'archivage : il serait pourrait que ce soit un peu le bordel dans les 3-4 dernières années de DVD... Et en profiter pour visionner quelques trucs. Ensuite je sais qu'ils auront besoin de moi pendant le festival (de fin Mars à début Mai, gros programme de performances et workshops), pour des petites conneries à droite à gauche, mais l'organisation de tels projets, c'est tellement de conneries à droite à gauche que je pense qu'il est important d'en passer par là - puisque ça sera mon job plus tard ! Entre deux ils savent que je suis là s'ils ont des truc pour m'occuper, et je vais leur faire comprendre gentiment que j'aime bien, être occupée !

Mais dans les deux cas ainsi que dans ceux qui vont suivre, je suis ultra-autonome, voire j'peux crever sur une plaque de verglas tout le monde s'en fout. Aha.. L'idée c'est aussi de faire ma place, de poser des questions, d'être une force de proposition et de suggestion de ce que je pourrais faire, de ce qui m'intéresse d'approfondir dans ce type de structure.

Ce qui suit, c'est que Sophie (cf. post précédent) a envie de se trouver une galerie et qu'elle aurait ptètre besoin de quelqu'un pour l'assister là-dedans. Je ne sais pas exactement de quelle manière, si elle a besoin de se faire des supports de comms, s'il s'agit d'avantage d'aller présenter son travail dans différents endroits, d'entretenir des contacts, d'établir des plannings.. J'en sais rien mais on va en reparler cette semaine, lors d'une coupe de cheveux ! La dernière piste c'est Willem (id.) parce que j'aimerais bien voir un peu mieux comment leur baraque fonctionne, comment ils établissent leur progra, comment se passe une séance d'enregistrement, comment ils se font connaître en tant que groupe... Pareil, ça demande bien sûr à être rediscuté, mais je me dis qu'être ici, c'est aussi essayer de saisir quelques opportunités, d'élargir mes expériences auprès d'artistes de registres différents. Un dernier contact avec un musicien fils d'une collègue de mon grand-père : début d'échanges de mails, à suivre.

Ca prend forme et une chose est sûre : je me sens dans mon élément.

Hier soir à la Tanzfabrik, c'était impro. 15 personnes dans la salle en comptant caméro / lumières, 3 danseurs. Alternance de solos et duos, en silence parfois parlé ou grogné. J'ai loupé le contenu du texte allemand mais particulièrement apprécié le passage en anglais sur les mouvements (un duo d'un Américain et d'un Allemand qui ont commencé à parler de danse en passant d'un thème à l'autre, et ça commençait par la perception horizontale des mouvements quand on était allongé à bouger et comment le cerveau l'interprétait.. pour finir sur une histoire de performance autour d'une vache que l'un d'eux avait vu - tout en dansant) La troisième danseuse avait un petit 70 ans je pense. Car la danse contemporaine n'est pas forcément très technique et peut s'adapter à l'âge, puisqu'elle est je pense idée avant d'être technique au sens potentiellement physiquement éprouvant... Parfois théâtralisée, parfois un peu absurde, des fois nettement indécryptable. Moment très intéressant et unique par le côté "impro".

Quelques heures avant, musée de la photo pas loin du Tacheles. The places we live, Jonas Bendikson (norvégien) qui propose quatre pièces de 9m² qui donnent une bonne impression d'être au coeur des slums de Mumbai, Nairobi, Jakarta. Et des passages où l'image se pose dans une pièce, montrant sa structure ainsi que ses occupants, avec un extrait d'entretien derrière qui explique le fonctionnement de l'endroit, comment la vie se passe ici... Joli, intéressant, touchant. Quasiment tout le reste du musée était consacré à une rétrospective de Don Mc Cullin. Avec beaucoup de photos de guerre, de cadavres, un peu glauque.

Sinon pour la partie "tout va bien" mes colocs ont l'air plutôt sympas, et j'ai bien l'intention de progresser en allemand histoire de pouvoir communiquer plus naturellement avec la faune locale...

dimanche 7 février 2010

Berlin, première

Bon il fallait prendre une décision, une ou deux, un peu liées. La première, c'était de me caler dans une piaule pour un mois le temps de chercher quelque chose de bien dans un premier chez moi fort agréable. La seconde - qui nécessitait un semblant de bureau - c'est de ne pas rouvrir de blog en pourrissant la toile mais de reprendre celui-ci, où 4 dessins se battent en duel. Dernier post datant d'il y a un an, wouh !

Donc une bonne semaine après l'arrivée dans le grand froid (ce mercredi soir, il faisait réellement très froid..), et bien, par où commencer. Il fait bon vivre. Dans mon notebook se cotoient des notes sur des vidéos de danse vaguement étrange, quelques adresses, n° de tel, des listes de voc (oui, j'ai commencé la deuxième, on peut donc désormais les considérer au pluriel !!), des notes sur un dossier de subvention pour Shannon auprès du Conseil Canadien pour les arts, quelques pensées, un ou deux dessin(s) moche(s).

Une semaine dans la coloc de Manu, un endroit où il fait également bon vivre. Vien (j'espère ne pas trahir l'orthographe de son nom..) le mec un peu bizarre, très gentil mais perpétuellement irnoique voire sarcastique - aile gauche de die Linke. Anne la p'tite nénette (28 ans mais fait vraiment toute jeune) super sympa avec qui j'ai passé pas mal de temps, nouvelle arrivée sur Berlin et ne connait pas non plus des masses de gens, donc assez partante de plans différents, très ouverte ou souriante ! Luigi von die Linke auch, parle très bien français - note pour plus tard : ne pas faire de private joke à Manu en sa présence ! Nick, étudiante en philo, ptite blondinette très gentille et son copain Willem, contrebassiste jazz qui organise des concerts dans une petite baraque un peu excentrée.

Cette baraque, visitée mardi soir. Avec Anne, RDV à Alex(anderplatz) pour prendre le tramway. Arrivée sous la neige dans une cour au fond de laquelle trône (? oui, un peu elle trône !) une baraque en briques (j'avoue, il faisait nuit, j'vais pas rentrer dans les détails du descriptif de cette baraque qui mériterait décidément d'être vue de jour !) Première pièce : semblant de cuisine avec canap et poêle. Puis studio d'enregistrement. A l'étage, 40m² environ avec une petite scène et une trentaine de chaises. Free le jazz free ! Les regards entre les musiciens sont là pour nous indiquer qu'ils produisent bien quelque chose en commun. J'exagère un brin. Très impressionnants techniquement (j'ai particulièrement apprécié le - jeu du - batteur, même si j'ai ensuite pensé que c'était plus facile à distinguer du reste que le piano qui a quand même plus tendance à accompagner ou à se fondre, dans ce type de composition). Et boire du vin rouge dans de forts jolis verres (par ailleurs forts chiants à essuyer, lors de la vaisselle de 1h du mat' avec un chiffon nettement humide) On a traîné parce qu'on attendait que Willem rentre pour profiter de la voiture. Au passage on s'est retrouvées à faire une team de gonzesses pour aider une voiture enneigée à démarrer (ein, zwei, dreii !!)

Et j'y ai recroisé Thomas, un polonais que j'avais rencontré quelques jours plus tôt au Tacheles dans la galerie d'Alex Rodin, le type qui fait tout le temps garder sa galerie par des potes. Thomas (65ans, grosse barbe blanche, air de père noël imbibé de vodka) qui chante la vie en rose au milieu d'une fat salle à l'écho terrible, Thomas qui visiblement aime bien chanter puisqu'on a eu droit à notre session aussi. Thomas qui oscille entre le pathétique et l'artiste incalculable. Que je crois deux fois en moins d'une semaine ; Berlin est décidément bien petite...

Du Tacheles, j'ai aussi revu Sophie qui tenait l'an dernier l'Erotic Shop, une petite pièce toute repeinte en blanc où se cotoyaient allègrement bites, foutre, lèvres grandes ouvertes et parfois quelques animaux... Sophie, aus Dublin, 26 ans, blondinette avec actuellement une coupe de cheveux assez fun (je prendrai des photos) que je suis censée couper la semaine prochaine, en essayant de garder la (dé)structure. Très sympa, chaleureuse, visiblement super contente de me voir. Très drôle aussi dans sa manière de raconter les choses et de poser des questions.

La prochaine fois je parlerai de mon stage un peu. Parce que je vais peut-être aussi faire des choses sérieuses, mais tout est dans tout et si les choses sérieuses devaient échapper à la règle, ça serait mortellement ennuyeux..