dimanche 15 janvier 2012

Statt/bad Wedding

À la place de la piscine (municipale). Dans ses murs reconvertis, en club - quoi d'autre ? Mon piètre sens de l'orientation dans ce genre d'endroit aura passablement eu raison de moi, mais je vais tout de même essayer de dresser un portrait des lieux. Une bonne heure de queue d'abord, froid. Petite expédition pipi dans l'Hinterhof en face, on entend de la musique et on aperçoit différentes lumières. On monte, et on arrive dans une party privée, des Berlinois entre deux âges plutôt élégants. Oups, sourire et on s'éclipse. Il y avait aussi un club, sans doute moins incroyable que le Stattbad mais la musique semblait pas dégueu. On parle avec des gens qui hésitent. Retour dans la queue, on attend un peu Robert.

On finit par passer la porte, il faut encore faire la queue pour payer, impatience qui monte, et finalement le tant attendu "petit" tour du propriétaire : émerveillement, appréciation des ambiances, des couloirs étroits et plutôt blindés. Une expo dont on se demande bien ce qu'elle fout là, derrière les chiottes de l'entrée. Des espaces incroyables, merci Berlin encore une fois. On se faufile en se tenant par le bras, on se regarde en souriant. Des tuyaux qui courent le long des murs, un peu partout. Pas mal d'étrangers mais aussi du Berlinois habitué de cette soirée "exceptionnelle" - la Stattbad n'ouvre ses portes aux fêtards qu'une fois tous les deux mois.

La piscine. La fosse est entourée de barrières, autour desquelles les gens scrutent l'agitation quelques pieds plus bas. Les murs sont probablement restés à l'identique, carrelage blanc, fraîcheur et lumière, et vaguement l'impression de n'avoir rien à foutre à danser là. Lumières rouges et bleues. "Le bleu est au rouge ce que les nerfs sont au sang", a dit Itten. On médite. Dans l'arène, le sol est incliné comme dans une piscine où l'en s'enfonce progressivement - "tu crois que y'a combien de personnes qui se sont cassées le coccyx avant qu'ils installent la moquette au sol ?" Au fond, en bas, le DJ. Personne ne vient te faire chier quand tu grimpes aux échelles ou sur les bords du bassin. Des gens font des bulles, et on tripe sur les lumières qui dansent aux rythmes de la musique en se reflétant à leur surface. La musique est d'abord pas mal du tout, puis vraiment top, de très jolies matières, acoustique singulière, résonance exquise.

La cave, enfin pas vraiment mais ça y ressemblait. Bas de plafond, des petites mousses pour éviter que les gens se cognent la tête trop violemment. On y passe un moment, tout près du DJ qu'on applaudit. Ambiance un peu plus chaude, un peu plus hard, des sons aussi excellents. Un petit renfoncement avec un tas de gros tuyaux. Vestiaire, recouverts de fringues. C'est ici que les gens dépenseront leurs dernières calories. On y croise le sosie du père Fouras en mode clubbeur, regards intrigués.

On passe de l'un à l'autre, on visite les 42 chiottes, des petites pièces entre deux, où des gens fatigués par la musique font un break. On danse, on regarde Robert danser, et d'autres. On parle à quelques personnes, on échange des regards, on crie quand la musique est géniale, ou quand ça devrait exploser. Il y a une autre salle que nous traversons avec peine, blindée de monde, impraticable. Des fois on passe par un autre escalier qui nous fait retraverser l'entrée pour regagner la piscine. Petit labyrinthe dont il me tarde de redécouvrir les recoins et folies.

La fête battra son plein au moins jusqu'au lendemain aprem. Ma nuit commence douloureusement vers 9h, puisqu'il n'y a pas de Ring vers l'Est, qu'il fait froid, et que je mets deux heures à rentrer. Matin magnifique cependant, ciel bleu et très jolies lumières, mais je suis épuisée, je me caille, et le lit est - enfin - délicieux.

lundi 2 janvier 2012

Oberbaumbrücke, 31 décembre à minuit

Dès la Schlesische Strasse, les détonations nous arrivent de partout, les lumières explosent parfois dans le ciel, dans des fleurs colorées. L'odeur de poudre est omniprésente. On arrive sur le Oberbaumbrücke un peu avant minuit. Là, c'est la guerre - surtout si on coupe l'image. En mode capuche de padawan sur la tête, on va se trouver un bon spot.

De part et d'autre de la route, des groupes compacts contemplent et prennent part au spectacle. Car à Berlin, on ne fait rarement qu'observer : souvent on participe aussi, et le 31 décembre en est une illustration remarquable. Les pétards et fusées sifflent et explosent de partout, ou une mèche s'éteint parfois. Les pétards sont jetés dans l'espace entre les deux groupes tandis que les fusées explosent au-dessus de nos têtes. On se demande tous quand il sera minuit, si quelqu'un le "dira" ou si on constatera un changement dans l'ambiance. Rien. À un moment, on s'est quand même souhaité bonne année.

Des voitures se frayent un passage - et même se croisent - sur ce tapis de poudre en barres, la plupart du temps des ambulances ou des flics, plus rarement des gens qui n'ont pas trouvé de meilleur itinéraire.. Un énorme truc explose tout près de moi, petit coup de tachycardie, impressionnant.

On a aussi la vue sur le feu d'artifice au-dessus de Görli à gauche, celui sur Warschauer Strasse à droite et au fond sur Alexander Platz et la Spree. Au sud-est, on aperçoit aussi trois ou quatre feux d'artifice, vers le Treptower Park et Ostkreuz. Les bulles du Sekt. C'est de partout, c'est grandiose ! On redescent sous le pont, la densité de la fumée et l'odeur de poudre sont un peu oppressantes.

Il est minuit et demie, ça se calme doucement. La ville est littéralement enfumée, on aperçoit un épais nuage qu'une dernière fusée vient illuminer. Ça continuera de péter un peu partout dans la nuit.

(...)

La lumière du petit jour ne suffira pas seule à dégager les trottoirs de tout ce merdier.