À la place de la piscine (municipale). Dans ses murs reconvertis, en club - quoi d'autre ? Mon piètre sens de l'orientation dans ce genre d'endroit aura passablement eu raison de moi, mais je vais tout de même essayer de dresser un portrait des lieux. Une bonne heure de queue d'abord, froid. Petite expédition pipi dans l'Hinterhof en face, on entend de la musique et on aperçoit différentes lumières. On monte, et on arrive dans une party privée, des Berlinois entre deux âges plutôt élégants. Oups, sourire et on s'éclipse. Il y avait aussi un club, sans doute moins incroyable que le Stattbad mais la musique semblait pas dégueu. On parle avec des gens qui hésitent. Retour dans la queue, on attend un peu Robert.
On finit par passer la porte, il faut encore faire la queue pour payer, impatience qui monte, et finalement le tant attendu "petit" tour du propriétaire : émerveillement, appréciation des ambiances, des couloirs étroits et plutôt blindés. Une expo dont on se demande bien ce qu'elle fout là, derrière les chiottes de l'entrée. Des espaces incroyables, merci Berlin encore une fois. On se faufile en se tenant par le bras, on se regarde en souriant. Des tuyaux qui courent le long des murs, un peu partout. Pas mal d'étrangers mais aussi du Berlinois habitué de cette soirée "exceptionnelle" - la Stattbad n'ouvre ses portes aux fêtards qu'une fois tous les deux mois.
La piscine. La fosse est entourée de barrières, autour desquelles les gens scrutent l'agitation quelques pieds plus bas. Les murs sont probablement restés à l'identique, carrelage blanc, fraîcheur et lumière, et vaguement l'impression de n'avoir rien à foutre à danser là. Lumières rouges et bleues. "Le bleu est au rouge ce que les nerfs sont au sang", a dit Itten. On médite. Dans l'arène, le sol est incliné comme dans une piscine où l'en s'enfonce progressivement - "tu crois que y'a combien de personnes qui se sont cassées le coccyx avant qu'ils installent la moquette au sol ?" Au fond, en bas, le DJ. Personne ne vient te faire chier quand tu grimpes aux échelles ou sur les bords du bassin. Des gens font des bulles, et on tripe sur les lumières qui dansent aux rythmes de la musique en se reflétant à leur surface. La musique est d'abord pas mal du tout, puis vraiment top, de très jolies matières, acoustique singulière, résonance exquise.
La cave, enfin pas vraiment mais ça y ressemblait. Bas de plafond, des petites mousses pour éviter que les gens se cognent la tête trop violemment. On y passe un moment, tout près du DJ qu'on applaudit. Ambiance un peu plus chaude, un peu plus hard, des sons aussi excellents. Un petit renfoncement avec un tas de gros tuyaux. Vestiaire, recouverts de fringues. C'est ici que les gens dépenseront leurs dernières calories. On y croise le sosie du père Fouras en mode clubbeur, regards intrigués.
On passe de l'un à l'autre, on visite les 42 chiottes, des petites pièces entre deux, où des gens fatigués par la musique font un break. On danse, on regarde Robert danser, et d'autres. On parle à quelques personnes, on échange des regards, on crie quand la musique est géniale, ou quand ça devrait exploser. Il y a une autre salle que nous traversons avec peine, blindée de monde, impraticable. Des fois on passe par un autre escalier qui nous fait retraverser l'entrée pour regagner la piscine. Petit labyrinthe dont il me tarde de redécouvrir les recoins et folies.
La fête battra son plein au moins jusqu'au lendemain aprem. Ma nuit commence douloureusement vers 9h, puisqu'il n'y a pas de Ring vers l'Est, qu'il fait froid, et que je mets deux heures à rentrer. Matin magnifique cependant, ciel bleu et très jolies lumières, mais je suis épuisée, je me caille, et le lit est - enfin - délicieux.
dimanche 15 janvier 2012
lundi 2 janvier 2012
Oberbaumbrücke, 31 décembre à minuit
Dès la Schlesische Strasse, les détonations nous arrivent de partout, les lumières explosent parfois dans le ciel, dans des fleurs colorées. L'odeur de poudre est omniprésente. On arrive sur le Oberbaumbrücke un peu avant minuit. Là, c'est la guerre - surtout si on coupe l'image. En mode capuche de padawan sur la tête, on va se trouver un bon spot.
De part et d'autre de la route, des groupes compacts contemplent et prennent part au spectacle. Car à Berlin, on ne fait rarement qu'observer : souvent on participe aussi, et le 31 décembre en est une illustration remarquable. Les pétards et fusées sifflent et explosent de partout, ou une mèche s'éteint parfois. Les pétards sont jetés dans l'espace entre les deux groupes tandis que les fusées explosent au-dessus de nos têtes. On se demande tous quand il sera minuit, si quelqu'un le "dira" ou si on constatera un changement dans l'ambiance. Rien. À un moment, on s'est quand même souhaité bonne année.
Des voitures se frayent un passage - et même se croisent - sur ce tapis de poudre en barres, la plupart du temps des ambulances ou des flics, plus rarement des gens qui n'ont pas trouvé de meilleur itinéraire.. Un énorme truc explose tout près de moi, petit coup de tachycardie, impressionnant.
On a aussi la vue sur le feu d'artifice au-dessus de Görli à gauche, celui sur Warschauer Strasse à droite et au fond sur Alexander Platz et la Spree. Au sud-est, on aperçoit aussi trois ou quatre feux d'artifice, vers le Treptower Park et Ostkreuz. Les bulles du Sekt. C'est de partout, c'est grandiose ! On redescent sous le pont, la densité de la fumée et l'odeur de poudre sont un peu oppressantes.
Il est minuit et demie, ça se calme doucement. La ville est littéralement enfumée, on aperçoit un épais nuage qu'une dernière fusée vient illuminer. Ça continuera de péter un peu partout dans la nuit.
(...)
La lumière du petit jour ne suffira pas seule à dégager les trottoirs de tout ce merdier.
De part et d'autre de la route, des groupes compacts contemplent et prennent part au spectacle. Car à Berlin, on ne fait rarement qu'observer : souvent on participe aussi, et le 31 décembre en est une illustration remarquable. Les pétards et fusées sifflent et explosent de partout, ou une mèche s'éteint parfois. Les pétards sont jetés dans l'espace entre les deux groupes tandis que les fusées explosent au-dessus de nos têtes. On se demande tous quand il sera minuit, si quelqu'un le "dira" ou si on constatera un changement dans l'ambiance. Rien. À un moment, on s'est quand même souhaité bonne année.
Des voitures se frayent un passage - et même se croisent - sur ce tapis de poudre en barres, la plupart du temps des ambulances ou des flics, plus rarement des gens qui n'ont pas trouvé de meilleur itinéraire.. Un énorme truc explose tout près de moi, petit coup de tachycardie, impressionnant.
On a aussi la vue sur le feu d'artifice au-dessus de Görli à gauche, celui sur Warschauer Strasse à droite et au fond sur Alexander Platz et la Spree. Au sud-est, on aperçoit aussi trois ou quatre feux d'artifice, vers le Treptower Park et Ostkreuz. Les bulles du Sekt. C'est de partout, c'est grandiose ! On redescent sous le pont, la densité de la fumée et l'odeur de poudre sont un peu oppressantes.
Il est minuit et demie, ça se calme doucement. La ville est littéralement enfumée, on aperçoit un épais nuage qu'une dernière fusée vient illuminer. Ça continuera de péter un peu partout dans la nuit.
(...)
La lumière du petit jour ne suffira pas seule à dégager les trottoirs de tout ce merdier.
mardi 27 décembre 2011
Un moment avec Elisabeth
- Début de l'histoire. On était devant la gare Saint Lazare, quand une dame tombe, et peine à se relever. Les pompiers arrivent voir ce qu'il se passe, et nous les entendons exprimer leur incapacité à communiquer en anglais. Je vais leur proposer mon aide. Je lui pose quelque questions à leur demande, et les accompagne à l'infirmerie. Les pompiers de Paris nous rejoignent, deux nénettes à "papoter" en anglais - j'essaie surtout de la rassurer - autour d'une bande de pompiers que j'ai trouvé plutôt maladroits, mais sans doute un peu blasé de leur job : ils en voient d'autres. En fait la nana était bien bourrée, traitement antiépileptique + antidépresseurs dans son sac.... Américaine, Elisabeth, 38 ans. Elle venait visiblement d'avoir une énorme engueulade avec l'homme qu'elle imagine épouser, et elle était "juste" au plus mal. Les pompiers voulaient l'emmener à l'hosto, elle allait à Orly. Elle voulait rentrer chez elle - à New York - et le répétait sans cesse, je pense effrayée par l'idée d'être prise en charge à l'étranger alors qu'elle était probablement juste bien bourrée, avec des médocs un peu plus tôt certes.. Mais elle n'en démordait pas, elle avait son billet d'avion à changer, le cours de sa vie à reprendre et sa maison à retrouver. J'ai eu tellement de compassion sur le dernier point, et aussi sur l'état "jsuis trop bourrée jpeux plus rien faire mais pourtant il faut !!" Elle se relève et marche avec difficultés jusqu'aux toilettes. On parle avec les pompiers, et devant le regard légèrement narquois du plus vieux, je repars avec Elisabeth sous le bras, sa (putain de) valise de l'autre côté, pour prendre un taxi pour Orly (qu'elle m'offrait). Les pompiers m'avaient dit qu'on ne choperait jamais de taxi vu son état ; je récupère quand même un sac à vomi et blablate le taxi en arrivant "ma copine est américaine, très fatiguée de Noël et encore en jetlag".. Elle est prof de yoga. Je garde le sac à la main. Elle s'endort assez vite, et je me dis "c'est bien elle récupère un peu". Le taxi prend des plombes, embouteillages, Paris à 18h, miam ! Entre-deux, j'aperçois un écriteau stipulant qu'ils ne prennent pas la CB. J'espère qu'elle a du cash, car je suis sympa mais bon.. Je la réveille doucement près d'Orly, elle regarde le panneau et prononce les trois mots qui font mal "Charles de Gaulle" ; et merde.... Aucune idée de l'endroit où se trouvent les comptoirs easyjet, j'indique Orly Ouest, me disant qu'on trouvera une solution pour elle une fois arrivées. Elle pleure un peu entre deux, me remercie mille fois - why are you so kind ? Bagage sur chariot, passons la vitesse supérieure, l'heure a tourné. On se renseigne sur le lieu des comptoirs US Airlines, il n'y en a qu'à Roissy en effet. Je dois la laisser, en la convainquant que dormir un bon coup à Orly serait sans doute la meilleure idée avant d'envisager la suite. Je lui laisse mon adresse mail en lui demandant de me dire quand elle serait bien arrivée chez elle. J'attends..
Les comptoirs Easyjet sont à Orly Sud, je cours choper le Orlyval, enregistrement, légère affolement aux contrôles de sécu - une poussette littéralement abandonnée au milieu du passage et rade de bacs en plastique.. 20 minutes de retard, vue sur les lumières de Berlin à deviner la Fernsehturm, sourire, et 6° en arrivant, incroyablement doux, pas de vent. S-Bahn, tramway, bière (Spätkauf mon ami !) et maison. Pfiouu....
mercredi 11 mai 2011
Avoir un chez soi, pourquoi ??
Pour avoir des plantes : ciboulette, basilic, menthe, sur un rebord de fenêtre. Les regarder grandir, parfumer son quotidien. Pour avoir toutes mes fringues sous la main, et pouvoir me faire plaisir. Pour ne pas hésiter à acheter de la laque pour fixer mes dessins, en sachant que ce que j'achète maintenant, je le trimballe encore un peu... Pour avoir des habitudes dans un quartier, et dans un voisinage proche : savoir où trouver des avocats par exemple. Pour se reposer, ne pas être forcée de faire et défaire mon (mes) sac(s) toutes les semaines. Pour construire des relations : dans une colloc, avec des vrais gens, des amis ?! Pour y mettre un chouilla de déco, personnaliser ce chez-moi, faire que je m'y sente véritablement chez MOI. Pour y aménager un vrai bureau, et aussi un vrai coin dessin. Pour entasser un peu de bordel sans avoir en permanence le spectre de devoir le bouger, encore et encore. Pour trouver un club de capoeira, faire du volley dans les parcs. Pour retrouver mon vélo, fidèle destrier s'il en est. Pour ne pas me demander où je suis en me réveillant. Pour pouvoir me consacrer à autre chose - mémoire pro, à tout hasard - que de bouger sans cesse. Pour trouver un semblant de routine, le confort de savoir que les clés qu'on a dans la poche, elles ouvrent un univers familier et construit selon nos attentes.
Pas grand chose, en soi...
Pas grand chose, en soi...
mardi 19 avril 2011
deDingen
C'est d'abord une vitrine, où on n'arrive pas bien à savoir ce qu'il se passe à l'intérieur : des travaux, un bar qui va ouvrir prochainement ? Je passe plusieurs fois devant puisque c'est à quelques mètres de la maison où nous habitons, à Courtrai, tout près du Buda Theater. Ca semble sympa en devenir, comme un repère d'artistes un peu bohêmes. Une ardoise, où il est marqué deDingen / L'atelier. Elargissons notre vocabulaire famand !
Puis c'est une terrasse au soleil où il fait bon venir boire un petit café après le déjeuner. On passe derrière le bar se faire nos expressos ou chocolats chauds, bios, équitables, qu'on sirote en profitant de la fin de la pause. Les petits gâteaux qui vont avec le café sont délicieux. Potentiel de bar vraiment cool, qui romp avec la monotonie de Courtrai et des vieux de la maison de retraite en face, havre de vie.
A l'intérieur, des tables et chaises de récup, un vieux canapé, beaucoup de plantes, des bougies, des vieilles lampes, vieilles radios, une guitare. La palette de couleurs s'articule entre les verts d'un mur et des plantes, et des rouges et oranges de divers éléments du décor. Equilibre agréable et reposant, lumière douce. Entendre la Rue Kétanou et avoir l'impression d'être au lycée. Découvrir d'autres choses, l'oreille tendue, bientôt le MP3 branché pour une OPA en règle.
Chouffe à la pression, Maredsous en bouteille, et quelques tests de cocktails au concombre ou à la fleur de sureau. Si l'heure de fermeture annoncée est 23h, Brecht ne fermera pas tant que certains auront envie d'une dernière des dernières des dernières petite bière. Un soir, tard, j'ai droit à la visite complète des lieux par son locataire : plein de possibilités de petits espaces d'expositions, ou de mise en place d'ateliers, et aussi d'un coin pour que lui puisse vivre. C'est à l'état de brouillon, mais l'espace est vraiment grand et donne envie d'y faire des choses.
Bruxelles c'est bien, vivant. Mais la perspective de retrouver ce petit coin de terrasse/comptoir permet de ne pas trop déprimer à l'idée de retournée à Courtrai, dans dix jours...
Puis c'est une terrasse au soleil où il fait bon venir boire un petit café après le déjeuner. On passe derrière le bar se faire nos expressos ou chocolats chauds, bios, équitables, qu'on sirote en profitant de la fin de la pause. Les petits gâteaux qui vont avec le café sont délicieux. Potentiel de bar vraiment cool, qui romp avec la monotonie de Courtrai et des vieux de la maison de retraite en face, havre de vie.
A l'intérieur, des tables et chaises de récup, un vieux canapé, beaucoup de plantes, des bougies, des vieilles lampes, vieilles radios, une guitare. La palette de couleurs s'articule entre les verts d'un mur et des plantes, et des rouges et oranges de divers éléments du décor. Equilibre agréable et reposant, lumière douce. Entendre la Rue Kétanou et avoir l'impression d'être au lycée. Découvrir d'autres choses, l'oreille tendue, bientôt le MP3 branché pour une OPA en règle.
Papoter au bar avec notre hôte, ou simplement me caler à dessiner un coin de cet endroit. Refaire le monde un peu plus tard...
Chouffe à la pression, Maredsous en bouteille, et quelques tests de cocktails au concombre ou à la fleur de sureau. Si l'heure de fermeture annoncée est 23h, Brecht ne fermera pas tant que certains auront envie d'une dernière des dernières des dernières petite bière. Un soir, tard, j'ai droit à la visite complète des lieux par son locataire : plein de possibilités de petits espaces d'expositions, ou de mise en place d'ateliers, et aussi d'un coin pour que lui puisse vivre. C'est à l'état de brouillon, mais l'espace est vraiment grand et donne envie d'y faire des choses.
Brecht a 28 ans. Il a l'air d'avoir pas mal voyagé, et pose ses valises pour un petit moment dans ce lieu qu'il souhaite inventer. Grand et fin, brun bouclé avec un front étroit et de (grands) yeux bleus, il ressemble un peu à un gentil hobbit. Très calme et un peu à l'ouest, il accuse légèrement le rythme éreintant que suppose l'ouverture d'un bar. Flamand d'origine, il mélange facilement le français et l'anglais à partir d'une certaine heure. Je ne sais jamais dans quelle langue m'adresser à lui.
Bruxelles c'est bien, vivant. Mais la perspective de retrouver ce petit coin de terrasse/comptoir permet de ne pas trop déprimer à l'idée de retournée à Courtrai, dans dix jours...
mardi 29 mars 2011
Mireille
Ca ne faisait pas cinq minutes que je m'étais installée sur cette terrasse ensoleillée, un 33 blond bien frais sur la table, Le Roi des Aulnes ouvert sur mes genoux, quand une vieille dame m'a demandé en flamand - assez proche de l'allemand, donc compréhensible - si la chaise était libre. Bien sûr, elle s'asseoit. Commence à me parler, je l'interromps très vite en lui expliquant que je ne parle pas flamand, que je suis française. Elle enchaîne donc dans un français grammaticalement hésitant, mais au vocabulaire permettant de communiquer correctement. Une petite vieille aux cheveux épars et bouclés, plus que grisonnants, aux chevilles et poignets fins, au vernis à ongle dépareillé de rouges et rosés. Son verre de blanc arrive sur la table. Elle a déjà allumé une cigarette. Elle m'explique qu'à partir du moment où elle est assise dans un fauteuil avec un verre, il faut qu'elle ait une cigarette à la main, mais que ce n'est pas bon d'inhaler la fumée, alors elle fume clope sur clope, en crapottant. Cinq en une demie-heure, des industrielles. Elle a deux paquets différents sur elle, des plus ou moins fortes. Elle m'en propose, je décline, lui expliquant que je préfère les cigarettes roulées. Elle me demande ce qu'est cet appareil volumineux posé sur la table : un téléphone ? Non, un casque pour écouter de la musique - vous voulez que je vous fasse écouter un peu de musique ? Elle ne semble pas à l'aise à l'idée d'avoir un tel appareil sur sa tête et refuse poliment. 79 ans, 80 en juillet, elle a de l'arthrose, du mal à marcher, mais utilise inlassablement son vélo, qu'elle a attaché contre le paravent de la terrasse. Elle est tombée quatre fois, se cassant le coude, le nez, mais remontant toujours sur la selle dès que réparée. Elle préfère l'indépendance que lui procure le vélo, et comme elle n'habite qu'à dix minutes, c'est bien plus simple que de demander à son mari de la conduire en voiture. Elle ne peut pas trop rester au soleil car la peau de sa joue gauche noircit au contact des UV - "quand on est jeune, on peut faire ce qu'on veut, mais quand on vieillit, il faut faire attention à tout". Elle se tourne légèrement et continue de me parler. Son mari travaille à la télévision à Bruxelles, mais elle a toujurs vécu à Courtrai. Elle me demande plusieurs fois où j'habite, ce que je fais là. Pas évident de lui répondre que j'habite à Berlin, que je suis là dans le cadre d'un stage en production pour accompagner une compagnie de danse, que nous vivons dans cette maison adjacente au Buda Theater avec l'équipe. Je reprends une bière : une Hoegaarden à la pression. Elle m'explique que son fils est marié à une Zimbabwéenne, qu'ils ont vécu au Zimbabwé, en Guinée et maintenant en Bolivie, que ce n'est pas facile pour les enfants, de devoir passer comme ça d'une langue à l'autre. Sa fille est veuve, son copain étant mort d'overdose - "dans toutes les familles il y a des histoires comme ça". Je lui offre du chocolat - Côte d'or au lait avec éclats de speculos ; elle m'offre un briquet, m'expliquant qu'elle en a toujours des très biens quand elle achète des cigarettes, avec cette sécurité pour que les enfants ne puissent pas les utiliser. Elle part en me déposant une bise, me remerciant de la compagnie, envisageant que l'on se recroise sur cette terrasse, si les circonstances s'y prêtent...
mardi 22 mars 2011
I would ride 500 miles !!
C'est l'humeur, au soleil "toujours", à vélo depuis samedi. Türkisches Flohmarkt en bas de ma rue, le moment d'observer, de négocier, et de remplacer Ziggy. La fin de l'histoire était bien triste : en partant en août dernier, j'ai laissé mon vélo à un Espagnol qui reprenait ma chambre pour un mois. Pour ne pas qu'il galère à en acheter ou en louer un, parce que l'été à Berlin c'est à vélo, parce que je suis sympa. Trop. Ce petit enfoiré a disparu avec sans plus jamais donner de nouvelles - et si jamais nos routes se recroisent, je lui écrase la tête par terre pour lui inculquer les bonnes manières !! C'est donc le coeur abîmé que je m'en allais par ce samedi ensoleillé trouver une monture à peu près digne de remplacer Ziggy, qui soit dit en passant m'avait coûté 20€. Je sais, je sais, à ce prix, c'était un vélo volé. Mais tout aussi bien volé qu'un peu jaune et violet, c'était mon vélo quoi. Passons, concentrons nous sur l'offre.
Presque que des vélos d'hommes, grands. J'en essaie un premier : pédalier défaillant, pas question de devoir hésiter à appuyer sur les pédales, et puis quoi encore ?! Le second c'était pareil, sauf qu'à l'instant où la pédale a lâché, la selle a commencé à partir en avant, moment idéal pour m'apercevoir que les freins ne marchaient que très mal. L'agacement monte, de part et d'autre de la négociation. J'en essaie encore un autre, un bon VTT pas trop grand, robuste. Un frein bugue mais il est largement utilisable. Je négocie (ahahah, comme si j'avais pas commencé depuis le début) et repart avec celui dont il manque toujours un nom. Violet foncé, garde-boue arrière et porte bagage, et ces trucs sur les côtés du guidon qui permettent de prendre une position que je ne prends jamais parce qu'elle ne permet pas de freiner rapidement.
Double test, dimanche et lundi, Schlessi / Mauerpark en une demie-heure, je valide !! Le côté VTT est pas si mal pensé ici, au vu des pavés, des routes parfois gondolées de racines ou de travaux. Bonne accélération, bon rythme de croisière, suffisamment de vitesses pour aborder la Prenzlauerallee tranquile.
C'est donc dynamisée par la vitamine D solaire et la reprise du pédalage intempestif que je me prépare à partir en Belgique, à Courtrai, dans la lointaine agglomération lilloise, en zone flamande, là où Eszter Salamon et son équipe sont en résidence pour un gros projet dont la première est le 21 Mai, au KAAI Theater de Bruxelles. On décolle demain avec Alexandra, elle reste deux jours avec moi pour s'occuper de tout un tas de trucs et m'expliquer quelles seront mes missions (assistance / accompagnement en résidence ?!) pendant le restant de la semaine. L'idée c'est que toute l'équipe squatte une grande baraque à deux minutes du théâtre.
La pièce repose sur une trame de science fiction / anticipation, dans un monde qui se passerait de la présence des corps humains. Pièce de danse qui met l'accent sur l'accoustique et la mis en scène. Grosse équipe technique, deux compositeurs, deux danseurs dont la chorégraphe, une dramaturge : il me tarde de rencontrer l'équipe, de voir de quoi retourne ce projet qui me semble d'ici vraiment intéressant et stimulant.
Ca fait un peu plus d'un mois que je suis revenue : le rythme me plaît et l'atmosphère a toujours ce piquant délicieux, d'un karaoké où tu te foires magistralement parce c'était pas la bonne version de ta chanson, mais où tu repars avec un t-shirt offert par une Italienne (toujours eux...) qui lance sa marque à Berlin - www.whereisjesus.de.
Presque que des vélos d'hommes, grands. J'en essaie un premier : pédalier défaillant, pas question de devoir hésiter à appuyer sur les pédales, et puis quoi encore ?! Le second c'était pareil, sauf qu'à l'instant où la pédale a lâché, la selle a commencé à partir en avant, moment idéal pour m'apercevoir que les freins ne marchaient que très mal. L'agacement monte, de part et d'autre de la négociation. J'en essaie encore un autre, un bon VTT pas trop grand, robuste. Un frein bugue mais il est largement utilisable. Je négocie (ahahah, comme si j'avais pas commencé depuis le début) et repart avec celui dont il manque toujours un nom. Violet foncé, garde-boue arrière et porte bagage, et ces trucs sur les côtés du guidon qui permettent de prendre une position que je ne prends jamais parce qu'elle ne permet pas de freiner rapidement.
Double test, dimanche et lundi, Schlessi / Mauerpark en une demie-heure, je valide !! Le côté VTT est pas si mal pensé ici, au vu des pavés, des routes parfois gondolées de racines ou de travaux. Bonne accélération, bon rythme de croisière, suffisamment de vitesses pour aborder la Prenzlauerallee tranquile.
C'est donc dynamisée par la vitamine D solaire et la reprise du pédalage intempestif que je me prépare à partir en Belgique, à Courtrai, dans la lointaine agglomération lilloise, en zone flamande, là où Eszter Salamon et son équipe sont en résidence pour un gros projet dont la première est le 21 Mai, au KAAI Theater de Bruxelles. On décolle demain avec Alexandra, elle reste deux jours avec moi pour s'occuper de tout un tas de trucs et m'expliquer quelles seront mes missions (assistance / accompagnement en résidence ?!) pendant le restant de la semaine. L'idée c'est que toute l'équipe squatte une grande baraque à deux minutes du théâtre.
La pièce repose sur une trame de science fiction / anticipation, dans un monde qui se passerait de la présence des corps humains. Pièce de danse qui met l'accent sur l'accoustique et la mis en scène. Grosse équipe technique, deux compositeurs, deux danseurs dont la chorégraphe, une dramaturge : il me tarde de rencontrer l'équipe, de voir de quoi retourne ce projet qui me semble d'ici vraiment intéressant et stimulant.
Ca fait un peu plus d'un mois que je suis revenue : le rythme me plaît et l'atmosphère a toujours ce piquant délicieux, d'un karaoké où tu te foires magistralement parce c'était pas la bonne version de ta chanson, mais où tu repars avec un t-shirt offert par une Italienne (toujours eux...) qui lance sa marque à Berlin - www.whereisjesus.de.
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